Faada Freddy, Salle Pleyel, 4 avril 2024 – 2/2

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Faada Freddy à la salle Pleyel, le 4 avril 2024. Photo : Bertrand Ferrier.

 

Après son tour d’honneur dans la fosse de Pleyel, Faada Freddy et son gang se remobilisent sur scène. Le chœur est à jardin, le leader à cour pour nous inciter à nous méfier du Malin avec “Borom bi”. Le contraste avec l’ambiançage de la chanson précédente est habile. Cette fois, la vocalité prend le pas sur le bruit percussif, jusque dans le postlude peut-être un peu plus longuet qu’hypnotique. “Ce soir, explicite l’artiste, j’envoie de l’amour à tous les enfants qui souffrent” notamment à Gaza mais aussi, pour éviter les ennuis, à ceux d’Israël. S’ensuit la reprise du tube des Lonely Forest, “We sing in time”, allégé de son refrain initial et cependant porteur d’une quête d’amour en coda faisant écho au refrain (“à l’heure dite, les arbres mourront et la lumière disparaîtra / Mais j’espère qu’un nouveau souffle et une nouvelle vie m’emporteront”). Revenu au centre de la scène, le choriste placé au milieu dessine un cœur avec les deux mains puis incite le public à agiter son cellulaire en mode torche. Niaiseux ? Peut-être ; néanmoins, successfull.
Au premier chef, Faada Freddy est séduit par le résultat et en profite pour inventer une nouvelle science : “Qu’est-ce que je vous kiffe ! s’exclame-t-il. La kiffologie est toujours active…” Cela l’incite à glisser une chanson “pour toues les amoureux” car “souvent, autour de nous, des personnes donnent beaucoup d’amour et on oublie de leur dire qu’elles sont belles”. Le chœur s’asseoit donc pour poser “Beautiful”. Après la veste, le chanteur ôte le veston. Les dames se pâment à nouveau. Une petite mise en scène redresse les choristes et les pousse à quitter la scène tranquillou pendant que Faada Freddy s’offre un solo chantant le “sunshine”.
Un peu de calme et de liberté avant d’envoyer la martingale d’un single parfait d’efficacité (“Tables will turn your way”) dans une ambiance que Jamiroquai n’aurait pas reniée. Le solo rappé pour inciter chacun à tenter sa chance avant que le rideau final ne tombe achève de chauffer l’incandescence au point de fusion – et hop, je tente l’expression même si je ne suis pas certain de sa signification. Cela vaut bien un demi-retour dans la salle avant d’enquiller “So amazing”, habillé dans une ambiance électro-techno digne des années 1990 pour laquelle le body percussionniste se met discrètement en évidence – bah, un oxymoron, ça ne fait presque jamais de mal.

 

 

C’est l’heure de lancer un finale échevelé, mix’n’matchant l’aveu “we wanna go home” avec la bamba avant de “diviser la salle en trois” pour marteler que “love is the answer”. Bientôt,

  • l’ambiance stroboscopique atteint son max,
  • les décibels crachent,
  • le débit s’accélère,
  • le raggamuffin se glisse

avant que l’ordre soit donné de “Move your body” pour le plaisir d’un rab de technodance. Curieusement effrayés par la perspective d’un bis, une vingtaine de nos voisins s’enfuient avant que l’artiste et ses complices ne reviennent rendre hommage à Mama Africa (“Africa Nangadef”) “pour fête l’indépendance et la démocratie au Sénégal”. Force est de reconnaître que les nouveaux absents n’ont pas tout à fait tort car, à partir de ce moment, le spectacle tire en longueur via une présentation infinie des musiciens – l’infini, c’est long, surtout sur la fin – et des astuces du body percussionniste. Fin à hauteur humaine, soit, mais fin décevante pour un concert où l’on a apprécié

  • l’efficacité de l’ensemble vocal,
  • la variété du répertoire,
  • la percussivité des tubes,
  • la présence scénique de Faada Freddy
    • (voix,
    • effort vestimentaire,
    • chorégraphie pédestre)

même si les nombreux noirs qui trouent le spectacle sont souvent dommageables à l’énergie créée juste avant. Reste, donc, un moment

  • haut en couleurs,
  • sympathique,
  • animé par des artistes motivés et armés de chansons diverses souvent fort bien ficelées,

où l’on aurait parfois aimé que le potentiel musical l’emporte davantage sur l’effet assuré du BOUM BOUM. Même “bio”, la technodance sérieuse ne reste que de la technodance – sauf, peut-être, avec une bonne contrebassine et des petits effets de voix, comme ça !

 

 


Pour écouter gratuitement Golden Cages, le dernier disque à date de Faada Freddy, c’est par ex. ici.