Jann Halexander, “Ornithorynque” (Purple Shadow) – 1/2

  Il a beau passer une grande partie de sa vie entre scène et répétitions, Jann Halexander n’est pas un stakhanoviste du micro. Tout au plus, depuis quelques années, s’efforce-t-il de battre le fer quand il s’est refroidi en enregistrant un disque tous les quatre ans. Le rythme ne lui messied pas car, le reste…

Corinne Kloska joue Brahms et Schumann (Soupir) – 2/2

  Voilà un regret récurrent qu’inspirent les livrets de disque. Souvent, les auteurs y font étalage d’une science – plus ou moins scientifique, et il n’est pas toujours certain que le plus soit le mieux – des œuvres jouées mais oublient l’essentiel : l’articulation entre les différentes pièces, la cohérence du choix, la logique du…

Estelle Revaz joue les caprices de Dall’Abaco (Solo musica)

  Depuis le Covid et la bataille pour l’indemnisation des musiciens, la musique en général et le violoncelle en particulier la partagent avec la politique. Estelle Revaz, étoile montante du violoncelle helvétique, a été élue au Conseil national suisse, l’équivalent suisse de notre Assemblée nationale. Comme pour rappeler qu’il n’y a point contradiction entre mission…

La Camerata du Léman joue Ludwig van Beethoven (Cascavelle) – 2/2

  Après un concerto de jeunesse de Ludwig van Beethoven, le disque provocateur de la Camerata du Léman propose le premier mouvement d’une hypothétique Dixième symphonie. Cet extrait, articulé en trois séquences (andante, allegro, andante) a été élaboré par Barry Cooper. Son degré d’authenticité est faible mais varie selon la foi et l’appétit des auditeurs….

Vincent Crosnier joue Pierre Cochereau

  C’est l’un des doubles poncifs les plus courus dans le petit monde organistique : Pierre Cochereau était nul en interprétation et il ne savait pas composer. La fête organisée en mémoire de Yannick Daguerre, organiste et compositeur, était l’occasion de fracasser un peu cette ritournelle fatigante en interrogeant la limite entre improvisation et composition…

Corinne Kloska joue Brahms et Schumann (Soupir) – 1/2

  Le nouveau disque de Corinne Kloska, en deux parties, s’ouvre sur les sept Fantasien op. 116, composées et éditées en 1892. Elles comprennent trois caprices et quatre intermèdes. Le premier caprice, un presto energico en 3/8 et ré mineur, va à la fois tout droit et de guingois. Contretemps, triolets de doubles croches, sursauts d’intensité…

Jann Halexander, l’art des nouveaux départs

  Il le promet plus ou moins à chaque fois : c’est la dernière date, le dernier concert de proximité, le dernier whatever. Puis il replonge, drogué jusqu’à la moelle. Accro aux concerts, Jann Halexander ne cesse de promener sa grande carcasse jamais contente de théâtres en appartements et de scènes partagées en projets inattendus….

La Camerata du Léman joue Ludwig van Beethoven (Cascavelle) – 1/2

  Tel un Nicolas Horvath cherchant des versions inouïes des nocturnes de Frédéric Chopin, nombre de musiciens furètent dans les archives, balayent sous les meubles et explorent les moindres recoins pour dénicher qui une nouvelle œuvre d’un cador de la musique savante, qui une révélation people sur tel compositeur, qui une annotation d’un élève d’un…

Vincent Rigot, l’homme au grand chœur

  Ce n’était ni un anniversaire, sinon celui de mes dix ans comme organiste des offices de semaine à la collégiale, ni une cérémonie mémorielle avec les reniflements qui vont bien. C’était une envie commune d’adresser un coup de chapeau à Yannick Daguerre, compositeur et organiste fracassé en 2011 au début de sa quarantaine par…

“Les Brigands”, Opéra Garnier, 24 septembre 2024 – 2/2

  L’histoire qui suit paraîtra vaguement inspirée par le livret d’Henri Meilhac et de Ludovic Halévy pour Jacques Offenbach. Toute coïncidence n’est pas fortuite puisque c’est lui qui a suscité ce remix réécrit par Antonio Cuenca Ruiz pour les dialogues parlés, Sandrine Sarroche pour un hors sujet et Barrie Kosky pour la mise en scène….

Irakly Avaliani joue Piotr Ilitch Tchaïkovsky (Intégral) – 3/3

  En février 1886, Piotr Ilitch Tchaïkovsky honore une commande qui prend la forme d’une rêverie sous-titrée “Scène rustique russe”. C’est sa célèbre Dumka en ut mineur que choisit Irakly Avaliani afin de compléter le programme ouvert par Les Saisons. L’andantino cantabile s’ouvre sur un prélude paisible. Arpèges tranquilles, économie de notes et de décibels,…

“Les Brigands”, Opéra Garnier, 24 septembre 2024 – 1/2

  Ce devait être une belle soirée, bien qu’elle soit mécénée, et hop, par Eiffage. Du Offenbach, déjà, avec du tube dedans – du Offenbach, donc, et à Garnier en plus ! Une présentation convaincante de Barrie Kosky. Un récit plus loufoque que drôle, avec une trentaine de solistes, un grand orchestre et le chœur…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 7/7

  Comme la plupart des objets culturels intrigants, le double disque de Herbert du Plessis fait dans la nuance voire dans l’oxymoron. Certes, il rassemble d’impressionnantes intégrales (celles des deux opus d’études et celle des vingt-quatre préludes, évoquées ici), mais il se mâtine d’un côté récital par le truchement des bonus et des bis. Le…

Irakly Avaliani joue Piotr Ilitch Tchaïkovsky (Intégral) – 2/3

  En juin, Piotr Ilitch Tchaïkovsky devait être occupé. Ceci expliquerait que le septième mois des Saisons soit aussi court. Juillet est illustré par le chant du faucheur, qui, dans le texte d’Alexeï Koltsov encourage et son corps et le vent du midi à bosser. De cette chanson de labeur, Irakly Avaliani traduit la rigueur…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 6/7

  Au mitan du cycle de préludes, Frédéric Chopin glisse un treizième prélude lent, ternaire et en Fa#. Herbert du Plessis en traduit le balancement qui, sous des apparences posées, sait aussi rebondir rythmiquement en frottant un quintolet de noires à six croches, ou deux triolets de croches à quatre consœurs. De même, derrière une…

Irakly Avaliani joue Piotr Ilitch Tchaïkovsky (Intégral) – 1/3

  Je vous parle d’un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. En 1992, voilà trois ans qu’Irakly Avaliani a quitté l’URSS pour s’installer à Paris.  La fibre russe vibre toujours chez ce Géorgien puisque, à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur, il opte pour un programme Tchaïkovsky lancé…

Guy Bovet joue Gregorio Strozzi (VDE-Gallo) – 2/2

  Alterner des œuvres solides pesant six à huit minutes et des danses plus légères et courtes : telle est la stratégie de bon sens adoptée par Guy Bovet pour nous faire apprécier le travail de Gregorio Strozzi. Aussi, après la quatrième toccata pour l’élévation, a-t-il enquillé six danses. Voici donc une première courante aux…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 5/7

  Pour le second disque de Créer un monde nouveau, Herbert du Plessis a choisi de troquer son Bechstein pour un Rönisch de 1920 restauré par l’atelier Baudry. À peine quatre mois après avoir gravé les deux cahiers d’études, il revenait en studio pour une seconde session d’enregistrement dont on découvre en premier lieu les…

(Ré)introduire mademoiselle Maya

  C’est l’histoire d’une fille qui existe et qui n’existe pas – du moins l’a-t-on longtemps cru. Personnage récurrent du Fil à la patte de Georges Feydeau, les titres de ses chansons émaillent la géniale pièce de théâtre. Pourtant, son existence a longtemps laissé toutes les expectatives ouvertes car, sur scène, on ne la voyait…

Guy Bovet joue Gregorio Strozzi (VDE-Gallo) – 1/2

  Double audace dont témoigne ce disque : d’une part, la musique pour orgue du dix-septième siècle supporte difficilement, à nos tympans modernes, une écoute continue ; d’autre part, comme le reconnaît l’interprète, Gregorio Strozzi traîne une réputation de “compositeur dilettante”, peu familier des règles de composition et griffonnant des mesures injouables au clavier, même…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 4/7

  Se demander si les études de Frédéric Chopin sont des œuvres artistiques ou des compositions didactiques, si elles visent à faire frissonner l’auditeur ou serrer les fesses de l’interprète, voire si elles ont pour objet d’éblouir l’âme ou de sidérer le spectateur est évidemment par trop dichotomique. Évacuer la question serait néanmoins inopportun tant…

Herbert du Plessis joue Frédéric Chopin (Anima) – 3/7

  Le deuxième cahier d’études de Frédéric Chopin a fait collection de surnoms pour caractériser chaque numéro de l’opus 25. “Harpe éolienne” et “Petit berger” ont ainsi voulu caractériser la première, à quatre temps (24/16) et en La bémol. Le charme harmonique de ces arpèges est ici serti dans un toucher d’une légèreté non contradictoire…