Fruits de la vigne – Musset Chevalier 2020

admin

Photo : Bertrand Ferrier

 

On l’avait susurré pour le Pomerol, ça fonctionne pour le Saint-Émilion. Moult sont les appellations à flonflon putréfiées par les produits de qualité dubitante, eh oui, quoique abritées sous une appellation froufrouteuse. Ce vin, commercialisé pour plus de 13 € (quelque 11 € sur Internet) chez Monoprix, est une pertinente illustration de l’arnaque au label.
La robe est rouge griotte. Clarté sur les bords, ombres sur les fonds, rien de choquant, l’espoir est de mise.
Le nez ose la légèreté. La fraîcheur du cassis s’efface rapidement devant un projet de café qui s’efface rapidement lui-même. On essaye donc de retrouver le cassis, mais le chasse-patate s’engrène vite. On veut admirer et, malgré que l’on en ait, on peine à s’ébaubir.
La bouche revendique et assume l’uniformité d’emblée. De l’attaque à la finale, le vin refuse de s’épanouir. Confronté à une saucisse de Montbéliard aux épinards, la quille ne dialogue pas plus. As far as we’re concerned, voilà hélas une déception que, le lendemain, la dégustation a confirmée. Cependant, comme le stipulerait Robert Desnos, cet avis s’établit d’après “l’angle sous lequel…”

 

Et d’abord quel angle ?
Je n’en veux pas connaître d’autre
Que celui où j’appuie ma tête
Quand je m’y colle à cache-cache.
(“La géométrie de Daniel” in : Destinée arbitraire [1930-1939] pour “La géométrie de Daniel”, Gallimard, “Poésie” [1975], 2020, p. 149)

 

On l’assume : de notre angle, même si c’est un cadeau et que ça nous chiffonne par le fait même, c’est pas délectable.