Balmino, « Les saisons à l’envers » – 2/2
Après l’évocation d’un temps où rien ne faisait sens, le nouveau disque de Balmino bascule dans un temps assez secoué pour affronter « Les saisons à l’envers », chanson-titre de l’album. Sur une accroche gratteuse quasi souchonienne apparaît la voix de Balmino presque oldelafienne délivrant ses désirs érotiques et ambigus autour d’une grenade, mot qui a eu tantôt son p’tit succès dans la chanson française officielle.
- Cyclicité de l’accompagnement,
- bonne intervention de la basse de Raphaël [privé de son tréma sur la pochette] Vallade,
- cordes joliment arrangées par Julien Jussey,
- maîtrise du temps long laissant sa place à l’instru
donnent de l’ampleur à la chanson. « Ici », musiquée par le réalisateur du disque, est un mid-tempo qui fricote avec une tranquillité traînante évoquant quelque chose entre Stephan Eicher pour l’espèce de lassitude en pointillés et les Fredericks-Goldman-Jones de « Nuit » pour la mélodie qui fait écho, par instants, à cette belle chanson du trio.
- Importance des arrangements,
- saveur des contretemps,
- tranquillité d’un morceau qui propose de « se poser » et
- mystère de paroles cherchant un au-delà du sens
dévoilent un autre aspect de l’univers chansonnique de Balmino. « Avalanche », en duo avec Marine Pellegrini, paraît plus conventionnel (la voix féminine résolument typée chanson pop française comme il faut influence cette impression). Néanmoins, on peut se laisser bercer par
- la simplicité de la grille relevée par un riff de clavier,
- l’effet d’attente d’une explosion sonore qui ne viendra pas, ou par
- la volonté de l’auteur-compositeur de tournicoter dans une certaine stagnation qui traduit sa volonté feulée d’être « rêvé encore ».
« Sans tête » revient à un son plus rock où le rythme l’emporte sur l’harmonie. La marche descendante se laisse heureusement pimper par la tonicité sans affectation de la basse de Raphaël Vallade.
- Lutter contre l’éternel automne,
- essayer de prolonger les rêves qui crèvent,
- lâcher les décibels pour fracasser brièvement le petit jour
semblent les pistes du chanteur pour continuer de laisser palpiter son cœur. « Né pour le vent » conclut le disque sur une sonorité d’harmonium. Le statisme musical revendiqué pour parler du départ rechigne à terminer sans un clin d’œil à Noir Déz’, comme on disait dans le temps. Une fin sciemment déceptive pour prolonger le désir, noir ou blanc, et laisser résonner le rêve d’un chanteur qui connaît les codes et ne s’en contente pas. De la belle ouvrage,
- curieuse,
- personnelle et
- interrogeante
à retrouver ce 23 janvier 2025 à 20 h 30 en trio à la Maison pour tous des Rancy (Lyon 3).