Cat in the box
Allez, pour faire un bisou aux « bonnes âmes » qui dénoncent certains posts de ce site à tel ou tel curé en espérant récupérer mon poste de rganiss, une visite pour rien : voici juste une jolie photo de pikifa prise par Josée Novicz lors d’un repas commun chez un hautboïste jouant des thèmes tibétains au cor anglais, ce qui n’est pas rien.
Toutefois, bien entendu, cela n’interdit pas à ces salopes, pardon, à ces délatrices anonymes, que dis-je, à ces bonnzam de merde, de visualiser, derrière le sac, un médius préalablement humecté puis tendu bien haut à leur intention. Nous sont libres, mârde.
Laure Striolo et Hervé Dupuis chantent Schumann et Liszt
Impressionnant. Dans un programme magnifique pour l’auditeur mais tissé d’exigences pour les interprètes, Laure Striolo, récente Traviata (et artiste Komm, Bach!), s’apprête à séduire par ses trois talents : son art lyrique (souffle, projection, sensibilité), son sens de l’interprétation (contrastes, nuances, sens du texte) et sa présence scénique. Lors de la générale, nous avons eu la chance de découvrir son quatrième talent : Hervé Dupuis, pianiste brillant et accompagnateur attentionné. Comme il ressemble à Antoine de Caunes, on l’a décapité pour la photo, mais rassurez-vous : dans la vraie vie, sa tête fonctionne aussi bien que ses doigts.
En réalité, il reste trois talents à apprécier pour comprendre pourquoi il faut absolument aller plaudir ces zozos ce dimanche. Le cinquième talent, c’est l’entrée gratuite (libre) pour une set-list pyrotechnique : « Les amours du poète » de Heinrich Heine et Robert Schumann enchaîné ou presque avec les « Trois sonnets » associant Pétrarque et Franz Liszt. Une heure de chant-et-piano virtuose gratos pour les pauvres et les avaricieux.
Le sixième talent, c’est le lieu. Un théâtre modulable, passant de salle de cabaret à salle de concert chic, selon les projets, profitant d’un Kawai de qualité et d’une acoustique bien-sonnante. Et le septième talent, c’est l’idée d’associer une récitante réellement comédienne au projet, afin de lire avec tact mais sans excès de théââââââtre les textes, traduits en français, que Laure Striolo chantera ensuite en allemand.
On l’aura compris, l’endroit où aller, ce dimanche 7 janvier à 19 h 30 trébuchantes, c’est aux Rendez-vous d’ailleurs (109, rue des Haies | Paris 20) pour le récital titulé De l’Elbe au Danube. On peut s’y préparer en réservant un siège ici. On pourra ensuite retrouver Hervé Dupuis dans de nombreux projets divers : le spectacle « Hommage à Jack Ledru » (Rendez-vous d’ailleurs, dimanche 21 janvier, 19 h 30, entrée libre) ; le récital Bachopin, (Rendez-vous d’ailleurs, les samedis 20, 27 janvier et 3 février à 16 h) ; et le spectacle Kreisleriana au théâtre du Gouvernail du 19 février au 2 mars (sauf 24 et 25 février). Bonnes découvertes aux curieux !
Louis Sachar est (bientôt) sur le retour !
Préparez-vous à la suite de L’École Zarbi en révisant, c’est hyper bien pensé, le début, encore un peu disponible ici !
Ensemble Perspectives, Songs of Experience, Outhere Music
Dans le beau disque de l’Ensemble Perspectives, impressionnant par sa maîtrise technique et son constant souci d’excellence musicale, il y a le savoir-faire d’arrangeurs excellents, la qualité de la production, le talent et le travail collectif de Mathilde Bobot, Marie Pouchelon, Sean Clayton, Romain Bockler, mais aussi, à la base, la provocation du brillant baryton Geoffroy Heurard. Fonder un quintette vocal, orienté lyrique-mais-pas-que, dans une France qui ne regorge pas de ce genre de formation classique à haut niveau, est-ce une bonne idée ou un défi facétieux d’artistes cherchant à se distinguer ?
Après de nombreux spectacles, le deuxième disque du combo, en partie financé par le crowdfunding, répond. Et il atteste, sans surprise, qu’il s’agit d’un projet réellement musical, dont nous rendions compte ici tantôt. Songs of Experience embrasse six siècles de musique, de Thomas Tallis à David Bowie. L’ensemble des pièces est traité avec la même attention au rendu, à l’expression et à la justesse d’intonation. L’auditeur ne peut qu’être happé par cette association entre, d’une part, cinq voix distinctes formant un tout et, d’autre part, six siècles de composition rassemblées dans un son reconnaissable.
Toutefois, d’emblée, prévenons les oreilles distraites : Songs of Experience n’est pas fait pour elles. Parce que la première piste, ouvrant façon pop d’élite sur David Bowie, est une fausse piste. Et parce que, à force de commander des arrangements chic donc gouleyants mais un peu uniformes, évitant toute forme d’outrance caricaturante dans la caractérisation des pièces quintettisées, l’ensemble Perspectives peut paraître écraser, pas pu m’en empêcher, les perspectives. Écoutez à la suite les plages 6 et 7, arrangées avec brio par Vincent Manac’h : la spécificité des harmonies de Maurice Ohana par rapport à « Black is the color of my true love’s hair » n’apparaît pas avec acuité à un cerveau distrait. Ce défaut apparent exige l’écoute, ce qui affaiblit le qualificatif de « défaut ». En effet, il faut rendre justice à cette ambition de chanter dans un même souffle trois types de répertoire : la variét’ bon teint (Bowie, Brel, Salvador), la musique Renaissance et les compositions, en gros, du début du xxe siècle.
Or, le résultat est toujours remarquable d’artisanat (excellents arrangements de Philip Lawson, Étienne Planel, Vincent Manac’h et Libby Larsen, contrairement à ce que nous supputions avec une fatuité ridicule lors de notre précédent compte-rendu – j’ai laissé tel parce que, faut bien le dire, parfois, le critique qui s’y croit écrit des bêtises, à quoi bon le cyberbiffer), et réalisé avec une finesse et un sens du détail que la prise de son de Ken Yoshida valorise. C’est donc dans cette globalité qu’il faut apprécier le travail de la bande à Mr Heurard, même si des questions se posent : ce souci de cohérence ne risque-t-il pas d’effacer quelques aspérités et différences qui eussent pu paraître bienvenues ? le désir d’être perpétuellement so chic n’entraîne-t-il pas un manque de déprise dans les chansons contemporaines (ironie totalement absente de « Syracuse », sérieux plombant un peu « Bruxelles » alors que, à sa façon, la concurrence sur ce créneau semble un brin plus pertinente, des Cinq de chœur aux Jambons reprenant a capella « Antisocial ») ?
Sans doute, dans ce questionnement, réside-t-il une partie de l’identité de Perspectives. Grande et louable est son exigence, qui pousse le quintette à refuser le contraste différenciant au profit de l’unité du répertoire. Ce nonobstant, carrément, peut-être certains verront-ils dans ce qui peut passer pour une ravissante indifférenciation, une piste d’approfondissement du travail : la cohérence vocale et la qualité musicale étant assurées, peut-être serait-il judicieux d’oser, avec délicatesse mais sans tabou, préciser l’interprétation des différents genres – notamment, pour ce qu’aussi loin je suis concerné, le sens des chansons, fussent-elles arrangées avec noblesse donc frisant, faute de rendu adapté, le contresens.
Pour conclure, saluons les qualités de ce disque : original, uni, ambitieux, techniquement séduisant et, à l’ère du mp3 réducteur, habillé d’un bel objet physique malgré une relecture perfectible (Philip Lawson sans cap sur le premier titre, graphie du castillan mal maîtrisée, nom des auteurs/compositeurs inégalement annoncés : n’est-il pas paradoxal que les paroles soient inscrites sous le seul nom du compositeur – le cas de la « batucada » offrant un nouveau cas d’amélioration pour les fanatiques du détail ?). Bref, une découverte vivement conseillée pour sa qualité d’ensemble et les vraies questions qu’elle agite.
Bonne année !
C’était bien parti. Je rentrais avec un plantigrade prêté pour l’occasion, qui souhaitait kiffer la vaillebe en écoutant « Rires et chansons ». Et puis tout est allé trrrès vite. Une serrure qui refuse de s’ouvrir. La nécessité ce nonobstant de se glisser à l’abri. Le troc d’un matelas confortable contre un parquet de tribune d’orgue. Et, heureusement, un chien qui assure ta sécurité, dans l’immensité nocturne d’une église parisienne.
Un radiateur en plus et un pote serrurier, l’année aurait, finalement, pas commencé si mal. Mais bon, ne m’appelez pas bonne année, merci.