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Vincent Rigot à l’orgue de Saint-André de l’Europe (Paris 8), le 17 septembre 2022. Photo : Rozenn Douerin.

 

Avec ce magnifique choral de Johannes Brahms, Vincent Rigot réactive la question stupéfaite des croyants : par tous les diables, quel crime a pu commettre le Christ pour se retrouver dans d’aussi sales draps qu’une humiliante crucifixion ? Puissamment claquée à l’occasion du jubilé pour mes vingt ans de titulariat, cette pièce méditative aurait pu paraître saugrenue à l’occasion d’un moment festif. Au contraire, par sa beauté et la délicatesse de son interprétation,

  • elle élargit la joie ambiante à la conscience d’horreurs ici sublimées,
  • elle interroge sur les coups du sort de chaque existence et sur la signification qu’il convient de leur attribuer (en général, aucune – voilà, problème résolu, suivez-moi pour d’autres réponses métaphysiques), et
  • elle refuse de feindre que, fût-ce l’espace d’une heure un quart, la violence de l’humanité n’existe pas.

Ni mensonge euphorisé, ni œillères pratiques, ni désespoir convenu : une question, une mélodie, une harmonisation. Un peu de sublime semé sur le rebord du monde, un samedi soir sur la Terre.