Fruits de la vigne – Château les grands chênes 2017

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Photo : Bertrand Ferrier

 

Plus de quarante châteaux sous son égide : ceci explique sans doute le boulard de Bernard Magrez, dont le nom apparaît dix fois sur les étiquettes de cette seule bouteille. À ce niveau, ce n’est plus du marketing, c’est du matraquing dont l’efficience reste sans doute à démontrer. Loin de ses crus vedettes, le Château les grands chênes – un médoc (affiché casher) mêlant cabernet-franc, cabernet-sauvignon et merlot – arbore néanmoins des prix élevés. Rayon 2017, on trouve des bouteilles – très lourdes – à 18,5 € aux Galeries Lafayette, mais certains sites affichent le jus à près de trente boules, ce qui fait une jolie culbute.
La robe, rouge sang, tire sur l’obscurité. L’aspect est presque trouble, ce qui n’est pas désagréable en soi. Entre immédiateté et profondeur, le liquide n’a pas voulu choisir.
Le nez n’explose pas mais suggère – susurre presque – une étrange odeur de framboise trop sucrée
, vaguement écœurante. En arrière-fond plane une odeur plus légère, disons végétale, peut-être boisée, qui atténue l’impression d’avoir affaire à un vin caricaturalement destiné à une clientèle féminine.
La bouche se caractérise par une attaque plutôt plate et timide, comme si la fête peinait à prendre. En folâtrant avec attention, l’on croit déceler un accent de cassis à la fois éteint et omniprésent. En guise de note finale, on imagine même tinter une énigmatique pointe de menthe. Avec des boulettes à l’italienne accompagnées de leurs petits légumes, le mariage claudique. Peut-être la quille fonctionnerait-elle mieux avec un plat puis puissant qui occupe déjà les papilles ? En l’état, le jus nous donne l’impression de

 

walking down the streets at night
[looking for] a place I could call my own
(Sébastyén D., Spira spiritum noctis, The Book Edition, 2024, p. 105).

 

La marche se poursuit donc vers de nouvelles découvertes !