Fruits de la vigne – Château Martinon 2022

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Photo : Bertrand Ferrier

 

Dans notre série “peut-on boire un vin correct à moins de dix euros à Paris ?”, voici le deuxième épisode d’une sous-série consacrée aux blancs. Le défi est encore plus corsé dans cette catégorie. Dans les grandes surfaces, la section est souvent réservée à des piquettes que même un gourmand de degrés est contraint de juger difficilement ingérables. Or, il nous arrive de nous fournir dans ces endroits de perdition. Les mauvaises expériences ont été retenues, mais la praticité de ces commerces sait nous séduire – puis cela correspond aussi à l’objet de cette rubrique. (Bah, faut-il pas parfois bricoler des justifications à certains de nos comportements bizarres ?)
Ce tout tantôt, un maquereau grillé déniché au pied levé nous a conduit à prendre le risque terrrrrible de goûter un tout récent château Martinon, que l’on peut trouver sur Internet à 6,5 € la bouteille hors frais de port, par ex. ici. Cet entre-deux-mers se présente comme un assemblage complexe associant 60 % de sémillon, 25 % de sauvignon blanc, 13 % de sauvignon gris et 2 % de muscadelle.
La robe évoque un or dilué, loin du jaune tonitruant ou du blanc lavasse. Ses irisations couleur paille fatiguée attirent le regard et intriguent.
Dans le contexte sus décrit, le nez est une bonne surprise. Délicat, il oscille entre le beurre frais et l’herbe couchée. Des notes presque acidulées de fruit exotique viennent même toquer à la porte de nos naseaux.
Le meilleur de la bouche est dans le premier contact. L’attaque beurrée dévie très nettement vers la framboise par la suite. Sur ce type de produit, il eût été absurde – quoique pas désagréable – d’attendre que le jus ait du coffre et que, après déglutition, une finale délectable remonte des profondeurs pour nous titiller et pimper notre dégustation. Toutefois, l’équilibre du breuvage est honnête, et le philtre accompagne avec modestie mais efficacité le poisson et ses petits légumes associés. On l’aura compris, ce n’est pas chose si fréquente, dans nos contrées, et cela se salue. Santé !