Fruits de la vigne – Domaine Minchin, La Tour Saint-Martin, Honorine 2019

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Photo : Bertrand Ferrier

 

Depuis plus de 35 ans (son site annonce « presque trente ans », mais c’est plutôt bon signe de ne pas mettre à jour sa profession de foi tous les quatre matins), Bertrand Minchin exploite une vingtaine d’hectares, la majorité en sauvignon et le reste en pinot, sur les terres de Menetou-Salon. C’est son sauvignon qui nous intéresse aujourd’hui – mais récapitulons, car il s’agit d’un vin à tiroirs.

  • Dans le terroir du Menetou-Salon (en gros, dans le Cher, pas loin de Bourges), il faut sélectionner le domaine Minchin.
  • Dans le domaine Minchin, il faut sélectionner l’appellation La Tour Saint-Martin.
  • Dans la Tour Saint-Martin, il faut y choisir l’appellation Honorine.
  • Dans les quilles siglées Honorine, il faut opter pour la cuvée 2019 (mais il faut aussi savoir que le bassiste était grippé cette année-là, eussent ajouté les connaisseurs – comme nous ne sommes pas du cleube, cela ne nous regarde pas, même si je me suis laissé dire que ledit bassiste était tombé malade après avoir fréquenté le Fucking Blue Boy, mais cela ne ne nous regarde définitivement pas).

On y est ? Bon, alors c’est parti !
La robe est affriolante même si, selon la campagne féministe indépendante sponsorisée par L’Oréal, signe d’indépendance s’il en est (un peu moins que les ministères étatiques ou ses délégués comme France Inter, mais enfin), c’est jamais la robe qui est en faute, c’est toujours celui qui veut goûter. En matière œnologique, c’est faux. En effet, toucher d’abord le vin avec les yeux est autant un devoir qu’un plaisir, même pour ceux qui, comme nous, regardent

  • en amateurs,
  • en gourmands,
  • en (épi)curieux

et non en spécialistes. Ici, le vin se cache donc se montre dans une robe jaune extrêmement pâle, quasi transparente. Ce genre de glasnost n’est pas sans nous intriguer.
Le nez est délicat sans être tout à fait éthéré. On y happe des fragrances

  • beurrées,
  • fraîches (presque sylvestres ?) et
  • légèrement épicées (peut-être tendance cumin).

Y rester fixé un moment ne ressortit pas du snobisme car la chose est

  • complexe,
  • riche de possibles à
    • débroussailler,
    • inventer et
    • confondre, voire
  • tourbillonnante.

Cela semblât-il curieux, l’affaire se révèle donc plus parfumée qu’odorante, et cela nous sied.
La bouche séduit par son attaque nettement saline. Peu à peu, elle s’ouvre sur des pommes mûres. Avant de se fondre sans bousculade, cela se mâtine notamment

  • de saveurs beurrées,
  • d’un côté minéral bien amené et
  • d’un côté boisé assez léger pour nous convenir tout en traduisant peut-être l’élevage en fût de chêne.

Comme écrirait Philippe Jacottet, à quelques chèvres près,

 

où est l’œil de la terre
nul ne le sait
mais je connais des ombres
qui apaisent
(original de ce sample à retrouver dans les « Champ d’octobre » [1967] in : Poésies, Gallimard [1967], « Poésie » [1971], 2009, p. 131).