Fruits de la vigne – La Brive 2022 – Maison Bonnard

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Ça ressemble à la Bourgogne comme d’autres sentiments ressemblent à la Toscane douce et belle de Vinci. Bienvenue à La Brive, lieu-dit qui inspire et qu’aspire cette bouteille exceptionnelle proposée à Paris par notre dealer préféré, Thierry Welschinger, pour le prix de 15,6 €.
Le concept : un blanc 100 % chardonnay, fabriqué en “agriculture biologique” (jamais bien compris cette lapalissade) et en biodynamie (là, c’est le concept que je n’ai jamais saisi, c’est dire si le monde m’est compliqué à décrypter).
La robe : quand, tel l’enfant, le jus paraît, une délicieuse clarté peuple le verre. Un jaune d’or ultra pâle semble y défier la transparence. Ça sémillerait si le verbe “sémiller” existait. À défaut, l’on est à tout le moins fichtrement affriolé, olé.
Le nez : c’est frais, ça vibre, ça bouge, et ça semble tirer du côté beurré d’une vraie pâtisserie, pas d’un truc sucré sans sucre grâce à un tofu light décaféiné mais inspiré par Canderel sur une idée co-conçue par Bayer, Pfizer et Moderna – on peut les applaudir.
La bouche : contrairement à l’auteur de ces lignes, hélas peut-être, l’attaque paraît ronde, moelleuse et beurrée mais s’agrémente aussitôt d’une amertume qui évite la mollesse et ragaillardit le palais. C’est envoûtant et coquin à la fois. La rondeur initiale se prolonge avec gourmandise dans la glotte puis dans la savouration – eh oui – post engloutissement.
L
e mariage : avec un lieu noir auréolé de haricots verts et de patates assez flattées par la proximité viticole pour s’autodésigner comme “dés de pommes de terre saisies à cœur”, le vin se mêle superbement. Boire une goulée après une bouchée de lieu fait résonner et le mets et le vin – les épices confites autour du poisson sont assez flattées d’être aussi bien accompagnées pour ne le point cacher.
Tant le conseil welschingerien que le vin sont délectables. Certes, on peut trouver la même quille en version 2018 pour 8 € sur l’outil Internet, mais il faut affronter un inconvénient récurrent pour ce genre de réjouissances posthumes : pas disponible. Alors voilà, quoi, olé, osons hisser les voiles en dépit du prix car

 

Lors c’est le vent qui rit
Et c’est la mer qui pleure
Dans le froid qui grandit
En la venue des heures

 

comme écrivait Max Elskamp (La Chanson de la rue Saint-Paul et autres poèmes, Gallimard, “Poésie”, 1997, p. 201).