Jann Halexander, L’Entre 2 (Angers), 1er mars 2024 – 1/3
Hors des radars ? Peut-être, mais des radars des grosses machineries truquées, alors. Depuis plus de vingt ans, Jann Halexander deale sa came au goût de chanson cabaret, et ça va bien pour lui, merci. Le zozo a un charisme qui attire à lui des gens happés
- tantôt par son talent,
- tantôt par sa personnalité,
- tantôt par ses engagements, les trois pouvant se cumuler.
On l’a connu
- vampé par un public LGBTQIA+, comme qu’on dit aujourd’hui ;
- happé par un public gabonisant ; le voilà
- mix’n’matchant son auditorat,
auquel s’ajoutent les curieux et les amis liés à ses explorations extraterrestres. Rien d’étonnant – ou presque – chez ce “mulâtre”, ainsi que se désigne le Franco-Gabonais, toujours soucieux non pas de métissage mais de rencontres. Ce premier mars 2024, il réunit des fans presque venus des six coins de l’Hexagone. Ça parle le roche-sur-yonnais, le manceau, le baugeois, même le francilien. Ça se passe dans le nouvel Autrement Café, lieu homo-mais-pas-que, à l’étage où a été préservée une salle avec peluches, cheminée et piano droit toujours debout.
Et c’est d’abord ça, un concert de Jann (nul ne parle de Jann HALEXANDER, ici) : des gens qui
- se rencontrent,
- se retrouvent,
- s’interpellent et
- se découvrent.
Un melting-potes qui ne savaient pas qu’ils étaient potes – ce qui, longtemps, était le principe d’un concert de chansons. Se rassemblent
- des habitués qui se réconfortent en en retrouvant d’autres,
- des curieux qui se risquent et devant qui les coutumiers s’effacent pour leur réserver les meilleures places quitte à se retrouver derrière l’inévitable poteau même pas rose,
- des rencontres de hasard qui, happés par un clip, une interviouve, un hasard de streaming, se disent que ça vaut le coût de se faufiler dans l’antre de Jann, même sans connaître les codes des chansonnomaniaques, y en a encore.
Faut pas minimiser cette performance. Dans une société
- clivante,
- communautariste,
- passionnée par la segmentation si chère aux marketteurs,
de la musique populaire qui unit des gens aussi différents,
- pas grâce au matraquage publicitaire,
- pas grâce aux conneries massmédiatiques,
- pas grâce au conformisme obligé des gens bien mis,
y en a pas tant que ça. Même dans la chanson. Loin du cul-culisme prout-prout des Konnoisseurs que l’on croisait parfois (souvent) dans les files d’attente des vedettes de l’ex-chanson Rive Gauche, dans le coin, on s’en fout de savoir que tu aimes le féminisme d’Anne Sylvestre depuis qu’elle passe sur France Inter (et que tu as reçu un tombereau de subs pour être une sorcière comme elle) ou que tu adooooooooores Machin de Sagazac qui a reçu le César de la musique de Télérama – d’ailleurs, tu suis Judith Godrèche sur IG, bouleversante. Nan,
- on prend des nouvelles des uns,
- on s’intéresse à ces autres que l’on ne connaissait pas et
- on échange des souvenirs de famille qui persistent (“moi, je m’occupais de votre père qui aimait tant son costume-cravate”, “si, si, je retourne à Baugé pour acheter des chocolats chez Bernard”).
On n’est pas potes à la vie, à la mort, on est juste vivants, ensemble, rapprochés par un chanteur. Quoi de plus joyeux ?
À suivre…