Masha Schmidt, « Partitas », Galerie de Buci, 24 avril 2025

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Masha Schimdt, « Partitas » (détail). Photo : Bertrand Ferrier.

 

De Masha Schmidt, on pourrait dire en simplicité qu’elle

  • recouvre,
  • submerge ou
  • déborde le support.

Qu’elle cherche à

  • remotiver le passé,
  • décloisonner le perclus,
  • renverser le consensus.

Qu’elle aspire à

  • déranger le bon ordre établi,
  • interroger le convenu et, surtout,
  • rendre visible la fulmination.

Heureusement, la réalité est

  • moins gnangnan,
  • moins conventionnelle et
  • plus percutante.

Avec Partitas, son exposition monothématique, l’artiste ne se contente pas de couvrir des partitions pianistiques avec un geste alliant

  • énigmaticité donc mystère,
  • énergie donc (im)pulsion,
  • raucité donc incertitude.

Elle recouvre les partitions chic du temps où il était de bon ton – ce qui n’était pas si pire, reconnaissons-le – d’avoir

  • piano en sa maison,
  • fistonnes faisant des roulades comme dans Feydeau, et
  • musiciens amateurs jouant le dimanche en concertini.

 

Masha Schmidt, « Partita magna » (2025, détail). Photo : Rozenn Douerin.

 

Masha Schmidt, qui a souvent travaillé sur le rapport entre art plastique et art musical, taille au marteau-piqueur dans cette bienséance.

  • Le graphisme,
  • la peinture,
  • les beaux-arts

ne sont pas supérieurs à la musique. Ils ne peuvent prétendre l’éradiquer en la taguant, comme on dit sur les murs digitaux et physiques. En revanche, ils peuvent

  • les mettre sur la sellette,
  • les défier,
  • remettre en cause leurs pesantes certitudes.

Ils peuvent lui donner notamment

  • explosivité,
  • volume ou
  • esprit de rébellion.

C’est pourquoi la toile des « Partitas » n’est pas

  • pure,
  • nette,
  • stricte.

Ici, toute écriture musicale devient toile,

  • d’un exercice de Czerny (franchement, c’était chiant mais, n’en déplaise à Irakly Avaliani, pas musicalement le pire) à une transcription d’opéra de Gounod,
  • d’une création biensonnante à une adaptation d’opéra,
  • d’une œuvre improbable à une compo illisible sur papier jauni,

Et soudain, la picturalité brouille

  • cette facticité du sommital, et hop,
  • cette immutabilité du bon ordre,
  • cette nécessité du doigt sur la couture.

Soudain, le geste de Masha Schmidt revendique de transformer

  • le stérile en surgissement (ses peintures enjambent des partitions inexistantes),
  • le bourgeois en incandescent (le cossu est recouvert d’un geste pictural qu’il ne redoutait même pas),
  • le parfait en possibles (l’abouti s’emboutit à des possibles qu’il n’aurait su seulement envisager).

Dans cette perspective, des tableaux en bonne et due forme accompagnent cette subtile subversion avec

  • leurs dynamiques contradictoires,
  • leurs dégradés hypnotisants et
  • leurs brisures intérieures.

 

 

Au profane assumé, leurs prix peuvent paraître élevés. Une manière d’invoquer la référence sur la question de l’évaluation pécuniaire de la geste artistique : madame Béatrice Tekielski en personne. Partitas, l’exposition,

  • dense,
  • puissante et
  • gratuite (ça peut lever des inquiétudes),

est visible à la galerie de Buci (attention, pas rue de Buci mais 73, rue de Seine, Paris 6) jusqu’au 24 mai. Rens. ici, présentation .