Vittorio Forte, Lavoir moderne parisien, 17 novembre 2025 – 3/4

Au-dessus de Vittorio Forte ? Rien. Ou presque. Photographie de Rozenn Douerin, le 17 novembre 2025 au Lavoir moderne parisien (Paris 18).

Dans un concert latino, quelques noms permettent aux spectateurs de faire les malins. Guastavino, non. Ponce ou Leng, non. Lecuona, non plus. Mais Vilialobosse, ça, oui, on connaît. Pourtant, de Heitor Villa-Lobos, Vittorio Forte ne choisit pas les monuments – non que le gars fuie, pas son genre, puisqu’il est capable de tout jouer avec art, mais bien que le musicien

  • furète,
  • interroge,
  • inspecte.

Au programme, il inscrit donc deux œuvres peu connues de HVL, à commencer par les « Impressões sereisteras » qui déploient une tension saisissante entre

  • pulsion virtuose et mélancolie du thème,
  • envie de déborder le ternaire et pudeur empêchant de le faire franchement,
  • accès de démesure et camisole du retour à une contenance de bon aloi.

Ici, et peut-être était-ce l’âme brésilienne d’alors,

  • nulle contradiction,
  • nulle complémentarité,
  • nulle cohabitation :

juste deux mondes en un, suggère l’interprète. Chacun se dissout dans l’autre, qui se dissout dans l’un. À l’écrit, ça fait perché, j’y consens ; en live, c’est redoutablement efficace et poignant.
Avec « Valsa da dor », Vittorio Forte dégaine un Villa-Lobos tout aussi saisissant. Derrière le titre programmatique, la musique gratte. Il y a

  • de l’hésitation,
  • du tourment et
  • de l’instabilité

que l’apaisement médicamenteux peine à endiguer. HVL évoque une douleur non pas lancinante mais contrastée, polymorphe, puis contradictoire :

  • prenante mais domestiquée,
  • haletante mais familière,
  • détestable mais caractéristique de l’humain qui souffre.

L’interprétation est

  • puissante
  • pensée voire
  • spéculaire

pour le spectateur qui ne peut qu’être frappé (aïe) par la puissance évocatrice de la musique telle que l’exécute le pianiste. Lequel convoque le Cubain Ernesto Lecuona y Casado pour deux autres partitions. D’abord « La conga de media noche », très gottschwalkienne et sciemment propulsée par l’artiste pour son feeling rag qui tranche après la douleur brésilienne.

  • L’énergie,
  • l’harmonisation et
  • ces octaves aigus qui pétarardent,

mon Dieu, après une journée médiocre, ça fait sa mère du bien. « La comparsa » creuse ce plaisir du pomme-pet-deupe, comme on dit en musicologie, je crois, en profitant du groove fortistique mix’n’matchant

  • une main gauche pulsante et respirante,
  • une main droite alliant rigueur et nuances, et
  • une musicalité associant simplicité apparente et efficacité immédiate.

De quoi préparer l’auditeur au finale que nous évoquerons dans une prochaine notule. À suivre !

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