
… et pour finir leur disque, David et Slava Guerchovitch proposent de parcourir un autre pan de l’imaginaire ravélien : la musique d’Europe de l’Est. Cheval de bataille des violonistes, Tzigane est un « morceau de virtuosité dans le goût d’une rhapsodie hongroise » et s’ouvre sur une longue introduction jouée par le violon seul lentement et avec l’apparente liberté d’une cadence. C’est donc parti pour un festival de
- rubato,
- frictions de tempo,
- suspensions du discours avec ou sans point d’orgue, et de
- passages « molto espressivo ».
David Guerchovitch sait
- prendre son temps et lâcher les p’tites saucisses,
- varier les couleurs du son et les types de vibrato,
- glisser sur son manche et ciseler les notes.
Doubles et triples cordes ne lui font pas plus peur que longues tenues ou harmoniques. Il donne à entendre la fausse improvisation que l’on attend. Le piano virtuose le rejoint pour clore la cadence et lancer le second mouvement sur un ostinato qui circule d’un compère à l’autre.
- Le dynamisme des appogiatures,
- l’habileté des changements de tempo synchronisés, et
- l’impression de naturel qui découle de l’aisance technique des interprètes
rendent fort agréable l’écoute de cette œuvre à grand spectacle. La rhapsodie sait garder son aspect surprenant sans s’éparpiller dans le décousu.
- Les dissonances pianistiques du « grandioso » sont savoureusement mises en valeur ;
- le miroitement kaléidoscopique d’un moderato changeant se déguste comme du petit lait ou, pour ceux qui préfèrent, un bon Cornas ;
- le chaos rythmique de la coda groove sec avec ses changements
- de mesure,
- de battue et, évidemment,
- de type d’agogique (entre « poco meno vivo » et « sempre accelerando ») dans le grand geste du finale.
Autant conclure que, avec cette proposition, les frères Guerchovitch confirment leur art mais aussi leur manière. L’auditeur à la recherche
- de rugosités enflammées,
- de contrastes virulents ou
- de grandes secousses
passera décidément son chemin – en ce sens, la photo illustrant le disque ne ment pas ! Au contraire, celui qui aime des interprétations
- propres mais point routinières,
- tenues mais point lisses,
- bien élevées mais point guindées
pourra au contraire trouver dans ce disque un Ravel bien troussé qui lui siéra à merveille !
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Johann Sebastian Bach
Maurice Ravel 1 et 2
Franz Liszt