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Photo : Bertrand Ferrier

 

Un nouvel albumGolden Cages – largement diffusé et promu par les grands médias début 2023, un Trianon complet en novembre de la même année, et donc une salle Pleyel bien remplie ce 4 avril : ainsi se décline le triomphe français d’Abdou Fatha Seck, Sénégalais francophone chantant essentiellement en anglais et connu sous le nom de Faada Freddy. Le public qui se presse ce 4 avril 2024 est essentiellement blanc, ce qui n’est pas le cas de Yaya Minté, né itou au Sénégal et choisi pour la première partie du concert, dont les mots-clefs associés à son site sont “Black Facebook Icon” et “Black You Tube Icon”.

 

 

Formule acoustique pour ce set de 25′, avec guitariste accompagnateur à l’électro-acoustique et chanteur-cajoniste jouant de la guitare à l’occasion d’une chanson. C’est compliqué, d’être première partie, mais pas ce soir-là : la parenté entre les deux propositions est à la fois solide et lointaine. Le public est bienveillant et prêt à accorder son enthousiasme pour s’échauffer avant le grand moment. D’autant que la première chanson accroche et se pare d’une jolie teinte unplugged alla Tracy Chapman. C’est un bel habillage de “Still I rise”, que l’on ne retrouve pas sur la version album, trop fabriquée pour nous séduire.
Déjouant cependant les comparaisons, le chanteur dégaine des vocalises façon Fugees pour reprendre “Tennessee Whiskey”, une tune écrite par Dean Dillon et Linda H. Bartholomew, popularisée par Chris Stapleton, où se distillent de délicats compliments à l’endroit de l’être aimé dont le principal : “Tu es aussi douce qu’un whiskey du Tennessee.” Avec l’artiste, on cherche un p’tit truc pour “carry us on” dans sa prestation quand survient le drame, en l’espèce “une chanson, en fait, sur la vibration, en fait, des gens qui ne sont plus là.” S’ensuivent le double premier couplet et le refrain de… “Évidemment”. Son cheval de bataille est assaisonné d’une voix qui semble se chercher un modèle dans la veine des miauleurs en plastique des “Star Ac”. Consterné, nous décrochons en constatant que, as far as we are concerned, le son est meilleur que le concert. En effet, fors le répertoire, l’interaction avec le public associe

  • jeunismes sépia (“je suis chaud, est-ce que vous êtes chauds ?”, “mais c’est de ouf”, etc.),
  • techniques d’enjaillage longuettes pour un set si bref (“je vais diviser la salle en deux” à l’occasion de “Seven”, la dernière chanson),
  • running gag lourdaud (“on s’est déjà présentés ?”) et
  • moraline convenue (“n’hésitez pas à vous offrir de bons souvenirs”).

Le résultat ?

  • Le manque de clarté dans la direction artistique choisie,
  • la construction d’une set-list peu cohérente et parfois inintéressante (euphémisme),
  • une présence scénique touchante mais souvent maladroite

empêchent d’adhérer à cette proposition confuse comme un petit légume cuit trop longtemps se fixerait de manière intempestive sur une poêle sans PFAS – ce qui ne risque pas d’arriver tant Sosotteur Ier de la Pensée complexe et ses sbires sont soumis au hideux lobby de SEB & Cie parmi d’autres.
Arrive alors le moment trrrrrès attendu par ceux qui nous entourent, id est l’entracte. 20′ de pause après 25′ de musique, c’est encore mieux qu’à l’opéra, les bons soirs ! Au deuxième balcon, les mâles de la joyeuse bande de parents et d’enfants qui nous jouxte débattent pour se donner le courage de descendre au bar du rez-de-chaussée donc, surtout, pour remonter chargés à bloc :

 

– Tu te souviens de la dernière soirée où on était bien ?
– J’y étais pour rien, c’était le barman, il nous offrait des rhums arrangés.
– Parce qu’on les payait…
– J’avoue !

 

Bravant la fatigue et la soif, les collègues sauront gérer le laps réservé aux recettes extramusicales de la salle pour descendre et remonter avant le début du spectacle de Faada Freddy, y ajoutant l’élégance d’offrir un demi à la demoiselle (accompagnée) croisée au premier rang. Depuis Jacques B., on sait que les fleurs, c’est périssable, alors que la pression, même quand elle est dégueulasse, ça fait du bien par où ça passe. D’autant que l’heure est grave, comme l’indique le surgissement de “Thriller” : le concert que Pleyel attend est sur le point de commencer.

 

À suivre !