Fruits de la vigne – Gigondas – Dauvergne Ranvier 2021

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Photo : Bertrand Ferrier

 

L’entreprise Dauvergne-Ranvier, basée dans le Rhône mais piochant dans d’autres terroirs, le revendique : elle n’est pas vigneronne, plutôt assembleuse (voire, selon son terme, “assemblière”). Chez ses “partenaires”, elle décide des raisins qui l’intéressent, de la date des vendanges et de la façon de vinifier. Son Gigondas associe grenache noir (pour l’essentiel), syrah et mourvèdre.
Sur l’étiquette, la mention “grand vin” n’augure rien de fameux. Un peu comme quand un acteur de one-man-show s’oblige à rire de ses propres blagues pour inciter le public à en faire autant, l’autoglorification des quilles par les marketteurs suscite à bon droit le scepticisme des consommateurs : si le vin est grand, le stipuler sur l’étiquette laisse craindre que, sans cette précision, on ne s’en fût point rendu compte. Mais, baste, tentons le coup et ouvrons cette bouteille vendue chez Monoprix à 17 €. Nous reprendrons ultérieurement le cours normal de nos émotions “autour de 10 €”, fil rouge non exclusif de cette rubrique.
La robe est coquette. Les teintes rouges se refusent à l’univocité – non, je sais, mais, sur le moment, j’avais l’impression que ça voulait dire quelque chose du type : “Y a pas qu’une sorte de rouge”, ce qui eût été beaucoup plus intelligible, m’enfin… Dialoguent ici des promesses rieuses de framboise, eh oui monsieur, et des menaces sombres de cassis, hop-là. C’est aguichant à souhait.
Le nez, léger et équilibré, évoque une ambiance végétale. Peut-être des fruits rouges (framboise puis fraise), certainement des notes herbeuses qui aèrent le propos. On voudrait soupçonner la présence discrète d’un chocolat fumant, mais impossible de confirmer à 100 % cette intrusion, monsieur le commissaire.

La bouche est souple et bien balancée. Une saveur de café dense s’installe et perdure. La note finale est un rien décevante car elle se contente de réverbérer l’attaque sans apporter d’heureuse surprise. Le “grand vin” affiche à l’évidence ses limites – il est un peu court pour ébaubir le dégustateur – sans pour autant effacer des qualités patentes. Ainsi, il accompagne gaiement une saucisse du boucher qu’escorte son écrasé de pommes de terre. De la sorte, il contribue à transformer un repas agréable en fort joyeux moment. Quel beau métier que celui de gigondas !