Fruits de la vigne – Mas d’Espanet – Freesia 2022

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Photo : Bertrand Ferrier

 

Disponible en trois couleurs, comme la fleur sud-africaine dont il porte le nom, le Freesia est un assemblage fomenté par le mas d’Espanet, où les mots d’ordre affichés sont biodynamie et respect de la nature. Le Freesia rouge, un chouïa plus rare que le blanc (il n’est pas proposé sur le bon de commande du producteur), se trouve néanmoins sur Internet pour env. 9 € hors frais de port et chez les cavistes de bon goût, tel notre dealer coutumier Mes accords mets vins (Paris 17). À une dominante de cinsault (70 %), il associe des cépages que seuls les spécialistes experts qui connaissent le savoir ou feignent ont l’habitude de titiller :

  • ribeyrenc,
  • aubun,
  • counoise et
  • grand noir de la Calmette

pimentent cette proposition cévenole.
La robe de ce mélange unique semble contredire la promesse d’un vin à boire avec la même insouciance qu’un rosé. Il réunit

  • du rouge joliment lourd,
  • du violine hautement suggestif et
  • quelques obscures clartés qui, à défaut de tomber des étoiles, froufroutent agréablement dans le godet.

Le nez s’aventure dans un verger de fruits rouges, mais difficile à nos naseaux patauds de définir si

  • ça taquine la framboise davantage que
  • ça ne trousse le cassis ou
  • ça ne lutine la mûre.

En insistant, on y croit aussi déceler en sus une note tantôt florale, tantôt épicée. Rien d’intimidant, rien de trop lisse non plus : l’équilibre est astucieux.
La bouche butine les pistils des papilles, justifiant cette fois l’aspect “festif” du jus mis en avant par ses créateurs. Les fomenteurs n’ont donc pas vraiment menti ! Le nectar

  • propulse la framboise,
  • freine l’urgence par une certaine astringence,
  • glisse le cassis pour relancer le vin dans le toboggan de la dégustation,
  • évite la rondeur d’apparat avec ses flonflons et ses dorures souvent tocs, et
  • ose la persistance chez le convive qui n’a pas aussitôt repris une deuxième glouglouterie pour faire coulisser la première – que voulez-vous ? il en faut, des prétextes, pour boire.

Le mariage avec une bavette d’aloyau, son écrasé de patate et ses haricots de la bonne conscience prouve que la quille est assez bien conçue pour pouvoir nous la jouer à la bonne franquette sans s’écrouler quand un mets la challenge un tantinet. Aurait-on dû envisager une proposition plus tonique ? C’est possible, et cependant ce n’est pas certain tant cette découverte interpelle. Entre l’élégance raffinée des hautes sphères et le coulisse-bouchée planplan se déplie un vaste éventail de possibles.

  • Accessible mais non déboutonné,
  • original mais non clinquant,
  • rugueux mais non dénué de légèreté,

le Freesia et ses modestes 12,5° sont une illustration fort louable que le clinquant est superfétatoire quand l’habileté artisanale sait associer simplicité apparente et malicieuse gourmandise, tatataaaa.