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On va pas se mentir, mâme Chabot : à la base, il devait y avoir plein de zoulies photos pour agrémenter le souvenir d’un concert impromptu mais pétillant à souhait. Puis, comment dire ? j’ai dû ranger le dossier des photos dans un endroit qui, pour le moment refuse rigoureusement de se dévoiler. Du coup, par chance, il nous reste la musique et les vidéos où, parfois, l’on entend le bruit des photos que l’on ne verra pas, du moins immédiatement. Alors, commençons sans temps mort par un brin d’humoresquisme.

 

 

Mais n’allons pas croire qu’un concert flûte et orgue est, forcément un concert ploum-ploum tralala. En témoigne la convocation d’un choral de Bach d’ordinaire attribué à l’orgue seul… avec un débat : la mélodie au même niveau que l’accompagnement pour respecter la promesse manualiter, ou en solo, donc avec la pédale pour assurer la magnifique basse ?

 

 

En dehors des contes – souvent trahis – de son homonyme, Andersen n’a souvent que les flûtistes virtuoses pour souffler sur ses cendres. Par chance, ce soir du 12 octobre, Joachim avait un sacré souffleur pour rendre son foyer plus ardent. En témoigne cette fantaisie hongroise où jamais l’aisance digitale et la maîtrise du souffle ne s’exonèrent du souci de faire de la musique par-delà la précipitation des notes.

 

 

Le ploum-ploumeur Gilles Rancitelli – virtuose de l’Orchestre national de France et néanmoins hautement diplômé itou pour son savoir organistique – rejoint alors son comparse pour une Sinfonia d’une tonicité exemplaire. La photographe en profite pour nous rappeler que nous avons particulièrement bien rangé son travail, mais bon, ça, c’est fait, il nous faut bien l’admettre.

 

 

Contrairement au piètre fake Gautier Capuçon, grand violoncelliste et humain ridicule, Guy Angelloz et son accompagnateur n’ont pas eu besoin que flambe Notre-Dame et débarque BFM TV pour interpréter “Après un rêve”, sans affèterie ni effet de brushing mais avec sensibilité, offrant ainsi un beau cadeau aux amateurs de golden hits et de musique qui va droit au cœur.

 

 

Pas une raison pour s’endormir, non mais.

 

 

La virtuosité exacerbée est joyeuse, mais les grands musiciens savent qu’elle est encore plus émouvante quand elle se met au service d’une musique plus feutrée. Tandis que la photographe en profite pour stabyloter mon sens du rangement, l’on apprécie à la fois la richesse du son Angelloz et la profondeur de son lien avec Gilles Rancitelli – respirations, tenues et synchronicités signent un véritable duo.

 

 

Sur le morceau suivant, on va être honnête, récurrente mâme Chabot : si, grâce à lui, on fait pas vibrer en nous la grand-mère qui écoute Radio Classique, on a raté toute notre vie de programmateur. Justesse du tempo, exactitude du propos, sensibilité sans mièvrerie et évocation d’un standard de la musique classique – tout est fait pour susciter l’enthousiasme du public sans jamais claydermaniser le propos. L’apparente facilité est joyeuse, mais elle masque avec grâce un bel enjeu artistique.

 

 

C’est pas non plus une nouvelle raison pour ronquer, hein. Plutôt une occasion de réénergiser le concert tout en ajoutant à l’effet wow le plaisir de la musique que permettent, par-delà le mais-comment-diable-il-fait accents, résonance et contraste d’atmosphères.

 

 

Les puristes s’étonneront d’entendre “le dernier nocturne” de Chopin à l’orgue… et à la flûte. Les curieux se laisseront envelopper par cet arrangement où la simplicité de la pièce s’adjoint les qualités expressives des musiciens pour trouver ici une nouvelle piste d’expression – car le fait est que ça fonctionne à la fois sans fatuité et avec justesse.

 

 

Dès lors, il était temps, de rendre une petite visite à une chanteuse chérie des griegophiles : la p’tite Solveig. Dans cette pièce aux moments bien caractérisés, la vibration de Guy Angelloz et la précision toute en modestie de Gilles Rancitelli font merveille. On s’émeut du thème liminaire, on sautille dans la partie centrale – hey, what else?

 

 

Bien entendu, le concert (dont les pièces précédentes ne sont que des aperçus incomplets) ne pouvait s’achever sans un morceau technodance. En fins musicologues, les artistes réunis pour le soixante-dixième épisode du festival Komm, Bach! ont opté pour le spécialiste mondialement reconnu de la technodance – juste après Philippe Chasseloup, qui a peu écrit pour flûte et orgue : François-Joseph Gossec en personne.

 

 

Bien entendu, le concert ne pouvait s’achever sans bis. Le bis est un moment crucial du concert classique. Trop connu, il donne l’impression de ne s’adresser qu’aux ploucs. Trop peu connu, il donne l’impression d’être le fait d’un prince guindé ne s’adressant qu’à ses pairs privilégiés. Le premier bis du duo laissait clairement transparaître combien ces excellents musiciens craignaient la réprobation des snobs.

 

 

Mais, comme il ne s’agissait toujours pas de s’endormir, les zozos avaient prévu un p’tit shoot d’adrénaline pour remettre le dawa dans ce festival qui tient tant aux aspects et musical et festif. Si le public enthousiaste a fini par sortir avec le smile et en farandolant, admettons que Guy et Gilles, venus in extremis remplacer un concert annulé pour cause de grave accident de santé, ne peuvent se dédouaner de toute responsabilité après avoir donné un récital d’une simplicité, d’une efficacité, d’une maîtrise et d’une allégresse euphorisantes. Pour toute plainte tardive, adressez-vous à eux. Nous ne sommes que le maillon véhiculatoire de leur talent aussi allègre que généreux !