
Issue de la série d’enregistrements qui a ouvert le double disque, le rondo en Ré op. 138 dit D.608, composé en 1818, conclut la fête après 1 h 35 de route. Pour cet allegretto, Monica Leone et Michele Campanella sont de retour sur le Steinway de 1892 entendu sur le premier disque. La partition permet de rendre raison d’un instrument dont la personnalité n’affecte pas la clarté.
- Un piano I octaviant,
- un piano II tour à tour accompagnant puis répondant à son collègue, et
- un trois temps joliment balancé
lancent cette grande coda de dix minutes sous les meilleurs auspices. Soudain,
- le Ré majeur mute en ré mineur ;
- le tempo s’accélère ;
- des appogiatures sont jouées si serrées qu’elles augmentent la tension en frisant la dissonance.
Les interprètes jouent avec nous, valorisant tantôt le sourire charmeur du registre aigu, accentuant tantôt le froncement de sourcils
- d’arpèges diminués qui inquiètent,
- d’habiles retards qui pincent l’harmonie, et
- de notes répétées qui s’escagassent ou suspendent énigmatiquement la narration.
Le rondo se révèle
- tantôt sautillant,
- tantôt grognant,
- tantôt lyrisant.
Son instabilité le rend captivant jusque dans le retour à la fois imprévisible et attendu du refrain en majeur.
- La légèreté du toucher,
- la finesse des nuances et
- la justesse de l’agogique
font palpiter cette version. L’arrivée d’un long trait annonce la modulation en Sol. Le travail sur les contrastes
- de registres,
- de caractères et
- de couleurs
est du miel pour l’âme ou ce qui en tient lieu. Le retour du refrain en Ré est un peu triste puisqu’il préfigure la fin du voyage, mais
- le plaisir de la ritournelle,
- l’attention portée à l’énergie de la coda tourbilonnante, et
- la capacité des pianistes de faire surgir une musique jamais bruyante mais toujours d’une grande délicatesse, même dans les passages planplans comme la dispensable conclusion,
synthétisent une partie des charmes de ce florilège
- ambitieux,
- riche et
- personnel
enregistré jadis avec brio et poésie par Monica Leone et Michele Campanella, et enfin disponible en double disque comme en streaming.
Pour acheter le double disque, c’est par exemple ici.
Pour l’écouter en intégralité et gracieusement, c’est par exemple là.