
Pour lancer son disque à la face du monde surtout parisien, Vittorio Forte a eu les bullocks de sélectionner Manuel Marìa Ponce via sa première rhapsodie mexicaine. Le prélude est carrément lisztien :
- gravité bien valorisée par le piano finalement in situ,
- octaves spectaculaires,
- parcours du clavier de gauche à droite et vice et versa.
Le thème s’énonce sur un fugato vite abandonné, ce qui valorise subtilement la suite. Il y a
- de la tonicité dans les deux mains,
- de la science dans les nuances subreptices et
- de l’érotisme dans l’art de retenir la phrase juste ce qu’il faut pour allumer le désir.
Le projet rhapsodique permet au compositeur de concaténer doucettement des thèmes. Il
- privilégie heureusement la discontinuité plutôt que le tuilage,
- favorise la surprise sans gommer le plaisir du refrain, et
- rhabille le segment matriciel d’oripeaux renouvelés, qu’ils soient
- harmoniques,
- stylistiques ou
- rythmiques.
La virtuosité délirante, exigée par le compositeur et délivrée par l’interprète, libère un temps l’auditeur de la pesanteur du monde tant, comme sa concurrente, elle paraît naturelle grâce
- à l’aisance,
- au naturel et
- à la simplicité
del signor Vittorio Forte. Lequel pokérise son propos en lâchant les cinq Doloras d’Alfonso Leng, dentiste-compositeur. Clairement, on est au centre du programme. Le pianiste a décidé de dire que le brio pour le brio n’était pas sa tasse de verveine. La première douleur est paisible puis cherche à se rebeller jusqu’à la tierce picarde finale. La deuxième douleur est lancinante et semble titiller l’auditeur pour lui dire que, grâce à elle, il a conscience d’être au monde. À la troisième douleur,
- retenue,
- lente et
- têtue,
s’oppose la quatrième,
- bouillonnant à l’intérieur,
- cherchant à exploser,
- prête à déflagrer
mais n’osant finalement pas s’exposer au grand jour. En regard, l’ultime douleur paraît presque
- légère,
- méditative, comme
- libérée d’un paraître.
À croire que la musique, subrepticement et le temps d’une illusion, nous aidait à apprivoiser telle ou telle douleur plus psy que phy… Grâce à Vittorio Forte, on veut bien se laisser bercer par cette illusion jusqu’au prochain ploum-ploum célébrant la publication de son disque !