Une ligne de gling, une ligne de glang
Tantôt, l’occasion me fut glissée d’aller partager une scène dans un atelier d’artiste (Paris 18), avec Claudio Zaretti, Antoine Pagnon, Orbor, Lermite et Déborah Bilger. En gros, hein.
L’occasion de propulser des bouffées de poésie à la barbe et au Nez de ton cul.
L’occasion, surtout, d’appeler à plus de solidarité citoyenne afin de collaborer au grand projet de ces années : Tuer mon voisin.
Avant de l’envisager, un projet : l’hydratation contre la Glotte sèche.
Le tout pour préserver les relations sociales en général et celles liant Le cordonnier et la princesse en particulier.
Quitte à ce que la critique Elsa se réfugie, attentive, à l’ombre d’une chaise.
Les voici donc…
Tous ceux qui les ont ouïs nous demandent si on est sûr qu’ils viendront dans ce trou perdu qu’est Saint-André, à trois minutes de la place de Clichy et à dix minutes de la gare Saint-Lazare. En général, on répond que ces oufs ont répété plusieurs fois sur zone, qu’ils ont préparé un programme magnifique et qu’ils attendent leurs fans sur zone, avec églizchofé, grantécran, entrégratwitt, orgressstauré, enfin, le grokif en somme, mais ça ne doit pas vous faire peur. Normalman, donc, les zozossronlo.
- Concert d’Oriano – Henry – 1
- Concert d’Oriano – Henry – 2
- Concert d’Oriano – Henry – 3
- Concert d’Oriano – Henry – 4
L’homme joue toujours de l’orgue
Les organistes Serge Schoonbroodt et Mark Steffens m’ont invité à conclure leur grande émission sur l’orgue en dialoguant joyeusement autour du livre et des organissses. Voilà l’travail, et le lien pour acheter ou racheter le livre, parce qu’il faut bien vivre parfois (j’en entrevois la nécessité). Attention : les deux hurluberlus ont choisi de conclure l’émission sur une musique qui en choquera plus d’un… j’espère.
Exceptionnel Vincent Rigot, Saint-André de l’Europe, 28 février 2017
Le type est titulaire de Saint-Louis-en-l’Île. Il vient jouer des pièces qu’il connaît quasi par cœur et a donné des dizaines de fois. Le tout pour un cachet qu’il aurait dû trouver insultant s’il avait un brin de grain dans la tête. Pourtant, il vient répéter de longues heures à plusieurs reprises sur l’orgue de Saint-André. Il renonce à un assistant pour réclamer juste un tourneur de pages, afin de contrôler seul ses registrations. À ces détails près, qui ne sont clairement pas des détails, tout pourrait laisser à penser que ce concert, accepté parce qu’il connaît un peu le programmateur, est voué à être un truc vite emballé et oublié, du genre « et maintenant, laisse-moi en paix ». Et le résultat est, pan dans ta gueule, formidable.
Bach précis, Vierne virtuose et fin, Schumann qui propulse la virilité de la fugue contre le chichiteux des fines bouches, et surtout un Mendelssohn magnifiquement transcrit qui prolonge l’émotion poignante d’un Deuxième choral de Franck éblouissant de précision, de diversité, d’intimité et de science de la registration, la maîtrise technique permettant tout cela et le talent l’apportant… encore un concert bouleversant qui oblige joyeusement le programmateur à remercier les artistes qui se sont produits et ont accepté de se produire dans ce festival, car tous ont donné au public une émotion sincère et profonde, parfois si forte que les rappels n’en finissaient pas – comme ce jour. D’où la nécessité pour les auditeurs, après cette avalanche d’altérations, de se ressourcer à de plus terrestres désaltérations, en ce Mardi-Gras.
Comme Vincent est, sinon un copain, ne nous la pétons pas, du moins une vieille connaissance, c’est pas possible de lui dire en face, donc n’allez pas lui répéter : son concert, bref et dense, était extraordinaire. Oserez-vous courir le risque d’être bientôt sidérés par le talent et le sens de la musique que démontreront samedi un ténor wagnérien, le formidable Sébastien d’Oriano, et l’incroyable organiste titulaire de Notre-Dame de Versailles, mazette, Mr Christophe Henry ?
Il arrive…
Mr Vincent Rigot himself s’apprête à secouer Saint-André de l’Europe avec sa fougue, sa virtuosité et sa malice. Gageons que son programme, déjà ébouriffant, ouvrira sur un bis à couper le souffle. Mais ça, les documents ci-dessous n’en disent rien. Faudra venir. En plus, on offre les crêpes et le cidre à la fin pour ceux qui auront survécu. Alors, heureux ?
Et quelle chance : vous pouvez vous préparer à cet événement en nous rejoignant sur Facebook. (Si ça vous tente, hein.)
- Concert Vincent Rigot – 1
- Concert Vincent Rigot – 2
- Concert Vincent Rigot – 3
- Concert Vincent Rigot – 4
Duo Ma non troppo, La Madeleine, 26 février 2017
Programme exceptionnel en la Madeleine : un saxophone et un orgue sévissent de concert. En l’espèce, une virtuose classique et un prof de conservatoire qui sait aussi bien jouer qu’improviser. Ce 26 février, le duo Ma non troppo, id est Pierre-Marie Bonafos et Alexandra Bruet, alpaguait la Madeleine et ses nombreux auditeurs, partagés entre fans, curieux et touristes. Annoncé comme très sérieux, le programme s’articule autour d’une Première gymnopédie de Satie, de Ma mère l’Oye et de la Pavane pour une infante défunte de Ravel, de deux valses de Germaine Tailleferre, et de trois compositions du saxophoniste. À une ouverture près, c’est le programme du disque que les zozos viennent d’enregistrer.
La gymnopédie liminaire séduit. C’est à la fois un tube que moult ont dans l’oreille, et l’occasion pour Pierre-Marie Bonafos de dérailler sur la grille attentive de miss Alexandra Bruet. Ainsi s’annonce la tension le plus passionnante du concert : autant arranger pour instrument soliste et grand orgue est techniquement subtil pour dépasser le recopiage freescore de la partition (par les jeux sur les octaves ou les sautes de registration, par exemple), autant prolonger l’œuvre par un écho inouï propulse le duo dans une dimension nouvelle, non pas contradictoire avec la composition liminaire, non pas étrangère (c’est sans doute aussi ça, le savoir-improviser), mais dialoguant avec les tonalités, les modalités et les logiques de l’œuvre précédemment reconstituée.
Dès lors, l’on regrette presque que les musiciens ne se libèrent pas autant que sur leur disque (ainsi de la « Laideronette », ravélienne des pagodes librement introduite sur le disque et un peu plus, pardon pour le jeu de mot qui a ri, cantonnée à un carcan qui nous a paru plus strict pendant le concert). En réalité, le duo fonctionne grâce à cette double appétence pour l’arrangement fidèle et le dérapage jazzy, manié avec une circonspection bienvenue. De la sorte, les deux olibrius arrivent à créer une musique singulière, qui ne se cantonne ni au déjà-là ni à l’insaisissable.
En conclusion du concert, les trois créations de Pierre-Marie Bonafos effectuent manière de synthèse entre les deux tentations : restitution des masters et dérapage contrôlé. Qu’importe si l’œuvre pour orgue seul s’ensuque dans un souci de registration qui rappelle la faillibilité de l’orgue, on goûte ce sens de la narration et de l’énergie libre où l’harmonie rejoint l’investissement sonore de l’espace disponible. Par sa forme ABA, l’arrangement de « Quatre coins », boucle la prestation avec finesse, ouvrant le sérieux de la base harmonique sur la liberté du son saxophonique et clôturant l’œuvre sur des accords répétés, comme s’il s’agissait de mimer l’inéluctable reprise en main de nos vies par la rectitude du cadre contrant la liberté qu’offrent les chemins de traverse de la musique, etc.
En dépit de la présentation lénifiante dont nous gratifie une impatientante voix off, et qui atteint peut-être son comble de gnangnanterie dans l’inintéressant éloge de Tailleferre par Ciccolini, voilà un concert brillant qui ne couronne pas seulement l’enregistrement du nouveau disque du duo Ma non troppo : même si l’on aurait goûté plus d’improvisation (y compris organistique), le récital du jour prouve qu’orgue et saxophone (en l’espèce soprano, mon préféré – mon côté ex-clarinettiste, peut-être) peuvent se créer un répertoire malin, dès lors qu’ils osent recréation et création, sans doute… et à condition d’être manipulés par des musiciens de talent. Ce 26 février, alléluia, c’était méchamment le cas.
Le Soum-Soum 11, 24 février 2017
Tantôt, je chantai ici avec Claudio Zaretti, Barthélémy Saurel, Terrebrune et Jean-Paul, dit Lermite. Enfin, à quelques blocs d’ici, mais avec de bonnes intentions puisque, pour commencer, je proposai de Tuer mon voisin – et encore, j’ignorais qu’il rentrerait se tripoter le plus bruyamment possible à six heures du matin.
Après un départ aussi positif et friendly, il était temps de sentir le beat et les vibes. Je suggérai donc d’approcher Le nez de ton cul, mais avec courtoisie.
Bien entendu, cette essspérience me fit souffrir de Glotte sèche.
Une hydratation plus tard, ma contribution à la soirée des « Chanteurs à guitare » invités par le Soum-Soum s’achevait sur une déclaration d’amour (toujours improvisée) au bonheur, à la kif, au feeling. C’est si bon le bonheur que, pour le reste, on verra plus tard.