Cité de la musique, 30 avril 2014
… mais finalement, c’est intéressant aussi. Laisser retomber l’émotion du moment et voir ce qui reste quand on n’a pas tout oublié. Attendre des photos qui finiront par arriver puis se dire : tant pis, on fait l’article sans, sans davantage avoir pris de notes (un comble, en musique), sans avoir rédigé le compte-rendu sur le vif, juste en laissant remonter à la surface des instants.
Ce 30 avril, l’Orchestre de Paris attaque une Cité de la musique évidemment sous-dimensionnée pour un programme ultra-attractif. Le concert s’ouvre sur Une nuit sur le mont Chauve, version Moussorgski/Rimski-Korsakov (12′). Impression que l’énergie liminaire se dissout dans une sonorité confuse dont on ne perçoit pas nettement les lignes de crête. Sensation que les différences d’atmosphère pourraient être plus dessinées. Notre place, dans les tout premiers rangs, handicape à l’évidence le plaisir que nous devrions tirer de cette pièce si joliment orchestrée.
Cette même place nous donne l’occasion de voir de très près Tatjana Vassiljeva, soliste du Concerto pour violoncelle n°1 de Dmitri Chostakovitch (30′). Au contraire de nombre de ses confrères, au premier rang desquels Gautier Capuçon que nous avions applaudi lors de l’intégrale Gergiev à Pleyel, la Russe – enceinte ? – ne surjoue pas la virtuosité. Naviguant avec aisance dans une partition redoutable, elle privilégie la ligne mélodique, la beauté sonore et le dialogue instrumental là où d’autres mettraient en avant l’énergie, le rythme, la fougue. Souriante, attentive, elle ne se laisse pas distraire par quelques décalages apparents. L’orchestre va son chemin, peut-être un peu fort, mais notre position ne permet pas de deviner le résultat en fond de salle. Cette version du concerto séduit pour sa relative retenue, qui permet d’apprécier – notamment dans la cadence – des charmes de la partition que nous n’avions jamais entendus jusque-là.
Un petit bis bachistologique et un pique-nique plus tard, la bande à Paavo Järvi revient pour les Valses nobles et sentimentales de Maurice Ravel (20′). Ces huit pièces contrastées, originellement destinées au piano, offrent des caractères contrastés, de la danse brute au crescendo orchestral, de la valorisation des solistes au tutti massif. D’où nous sommes, nous ne pouvons apprécier parfaitement la prestation ; toutefois, à défaut de jauger la puissance de l’orchestre, nous apprécions la belle sonorité des instruments que le compositeur paraît prendre plaisir à mettre en valeur, et la concentration des cordes graves, même quand elles sont condamnées sporadiquement à faire ploum-ploum.
Les curieuses Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Carl Maria von Weber de Paul Hindemith (20′) concluent le programme sur une tension patente entre le plaisir weberien de la mélodie, d’une part, et, d’autre part, la science orchestrale de Paul Hindemith. L’Orchestre de Paris fait rutiler ces quatre mouvements où le compositeur joue à la fois d’un savoir-faire astucieux et d’une personnalité passionnante car tourmentée (dissonances inattendues, contrastes désarçonnants, éclatements thématiques et retours au brillant traditionnel parfaitement maîtrisé). Definitely trop proches pour jauger le résultat « réel », nous terminons la soirée sur cette déception ambiguë : avoir été quasi embedded dans l’orchestre, et n’avoir pu profiter de ce programme grand public et malin à la fois. Alléluia, y a pire regret.
Europe, alcoologie, les verres
Je ne bois jamais comme un trou. Simplement, souvent, il y a un trou dans mon verre. Nuance.
Saint-André de l’Europe, 11 mai 2014
Concert européen ce dimanche 11 mai, à 15 h (24 bis, rue de Saint-Pétersbourg / Paris 8 / M° : Place de Clichy). Harpe, alto, chant, chœur et sept impros baladeuses à l’orgue. Pardon dérange et bon voyage avec la mouzik !
Mes idées débiles, 013
Quand je serai mort, quel gendarme interpellera le Squelette pour faux et usage de faux ?
Saint-André de Lille, 26 avril 2014
- En bas, un Merklin de choeur. Appelons-le Junior.
- En haut, un Merklin de tribune. Ze boss.
- L’entrée du GO. Pratique même pour Michel Petrucciani. Sinon, baisser plus que la tête. Aïe.
- Pour monter, escalier de bois puis faufilade dans le roc(k). (Ah, précision : aucune métaphore graveleuse n’est autorisée, désolé.)
- … Et de là-haut, on voit ça. En mieux, si on a une bonne vue. En moins bien, si on est à l’orgue. Faut choize.
- La console du grand Merklin. Avec des couleurs très schtroumpf, dans l’esprit, non ?
- Les pédales d’appel à la pelle. Pas facile de ne pas les mélanger. (Non, pas les pelles).
- Franchement, ça crache ou ça crache ? Bon. Quand même.
Mariage joué sur les Merklin de Saint-André de Lille. C’était bien, c’était chouette. Au programme, curieusement : Super Mario Bros 2, Zelda, Atlantys, « Famille » de JJG et « Onde sensuelle » de -M- en écho spatialisé à un duo guitare électrique-flûte. Une expérience digne du marié, Maxime Fontaine, le mec bien secoué qui a écrit la « trilogie d’Ézoah » (Intervista et PKJ) avec moi.