Denis Levaillant, « Piano Works 8 » (Azure Sky) – 1/4

Première de couverture

Déjà le huitième volume d’œuvres pour piano de Denis Levaillant, et sans doute le meilleur puisque le livret abrite une photo de Bertrand Ferrier en personne, tirée d’une soirée mémorable à la Philharmonie de Paris. Il eût bien sûr été plus élégant voire juridiquement indispensable de demander l’autorisation d’utiliser cette image avant de la publier, mais l’élégance est devenue rare de nos jours, et le prix des avocats rassure les petits rapineurs sans vergogne quant à l’impossibilité de les châtier ainsi qu’ils devraient l’être. Puis le crédit a été mentionné, et le compositeur a pris la peine de nous envoyer un exemplaire de cet enregistrement copieux (70′) signé Nicolas Horvath, artiste que les lecteurs occasionnels du présent site connaissent presque bien – chroniques horvathologiques à retrouver ici. Alors, ne nous formalisons pas avec trop de formalisme, d’autres ronchonchonneries nous attendant sans doute au tournant.
Divisé en deux volumes de douze titres chacun, pesant entre 1’30 et 4’45 pièce, le disque se présente comme un « recueil de mélodies et de morceaux simples pour le piano », chaque miniature étant présentée comme une « chanson », à commencer par « Un petit rien-du-tout ».

  • Arpèges suspendus,
  • itération nuancée et
  • résonance patiente

habillent le dialogue entre musique et silence. Une seconde partie plus glassienne réinvestit la structure arpégée en lui ajoutant une main droite motorique qui s’autorise des échappatoires vers des aigus inspirants. « Chant d’amour n°2 » installe une mélodie fragmentée sur des intervalles qui semblent sonder un sentiment balançant entre fragilité et désir.

  • Les ruptures,
  • les variations,
  • l’utilisation habile de la pédale de sustain, et
  • la large palette de registres

installent une atmosphère propice à la suggestion proposée par le titre, jusqu’à l’inachèvement pourtant final.

 

 

« Attendre, dit-elle n°1 » se présente comme

  • une ballade ternaire,
  • une gymnopédie suspendue,
  • une question généreusement pourvue de sustains plus méditatifs qu’hésitants.

Tout se passe comme si Denis Levaillant cherchait à rendre perceptible ce temps que nous ne cessons de vouloir accélérer et que Nicolas Horvath prend en le phrasant habilement. « Chant d’amour n°3 » hésite entre

  • la sérénité et le déséquilibre,
  • la permanence et la futilité du trait,
  • le déjà-écrit et le faussement improvisé.

Un hommage aux belles amours, en somme.

 

 

« Attendre, dit-elle n°2 » scrute davantage

  • la répétition façon cent pas perdus,
  • la difficulté de s’extraire d’une posture d’observation revendiquant la fixité tout en luttant contre elle,
  • l’insolubilité des questionnements et des espérances mimée par les brisures du discours.

« Chant d’amour n°4 » assume sa fragilité. Il

  • dit puis bégaye,
  • affirme puis modifie,
  • s’attarde puis s’emporte,

opposant pièces simples à jouer en dépit d’arpèges alla Romain Didier et pièces faciles à décrypter, l’ambiguïté étant un charme essentiel pour toute musique dotée d’un titre programmatique.

 

 

Ainsi commence à se révéler une musique

  • délicate,
  • intérieure,
  • soucieuse de transmuter le fugace en point d’orgue.

À suivre !


Pour écouter le disque gracieusement, c’est ici.
Pour l’acheter courageusement, contre 15 € port compris (sans
royalties pour le photographe intérieur), c’est .

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