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Photo : Rozenn Douerin

 

Jeudi 24 août, je publierai directement sur la boutique du présent site mon nouveau livre. Ce sera un essai sur la mort (si, si) intitulé La Mort, modes d’emploi.

 

Le résumé

Chaque année, en France, 670 000 personnes décèdent, et 67 millions essayent de ne pas penser que, tôt ou tard, elles vont les imiter. Pourtant, insidieusement ou au grand jour, le dernier tabou de notre société revient à la mode. Les débats sur la légalisation imminente de l’euthanasie en France réactivent notre vieux rêve de domestiquer l’inéluctable, de maîtriser l’imprévisible et d’apprivoiser l’effrayant – bref, de vaincre la mort.
La Mort, modes d’emploi propose de faire un pas de côté pour examiner comment se vit la mort aujourd’hui et ce que ces modes d’emploi révèlent de nous. Cette enquête fouillée et tonique s’appuie sur

  • des dizaines d’études anthropologiques, sociologiques, historiques et médicales,
  • des centaines d’articles d’actualités,
  • de très nombreux témoignages de médecins, et
  • de grands entretiens avec un religieux, une représentante d’une association pro-euthanasie et un théologien.

Se déploie ainsi une analyse de la lumière noire – mais pas uniquement ! – que projette notre finitude sur nos existences. L’essai suggère des pistes,

  • tant concrètes que philosophiques,
  • tant intellectuelles que politiques,
  • tant pragmatiques qu’artistiques

pour nous réapproprier, en conscience, notre mort donc notre vie. Dans cette perspective, à la fois ancrée dans l’actualité la plus brûlante et dans la pérennité d’une interrogation sans réponse, La Mort, modes d’emploi est un livre qui peut aider à mieux comprendre LE tabou par excellence et, éventuellement, à en avoir moins peur.

 

Le making of

Au moment où le gouvernement s’apprête à faire voter un projet de loi autorisant « l’aide active à mourir », se posent avec acuité les questions à mille francs, du type : « Qu’est-ce que mourir ? » « La mort est-elle la fin de tout ? » « En quoi la conscience de ma mort impacte-t-elle ma vie ? » « Comment vivre avec l’idée que je vais mourir, sans savoir ni quand ni comment ? » Beaucoup de livres apportent des réponses. Celui-ci veut nourrir des questions. Voici pourquoi.

*

Il y a quelque cinq années de cela, j’avais écrit un livre sur les grandeurs et les vices plus ou moins cachés des médecines allopathiques et des autres formes de soins pratiqués en France. J’avais réuni un joli casting pour m’entourer (une « vraie médecin » spécialiste de l’homéopathie participait activement au projet), réalisé un gros travail d’enquête et d’entretiens, et équilibré des analyses associant une vue d’ensemble et des cas pratiques. Le texte avait suscité le vif intérêt de la directrice littéraire d’un des plus importants éditeurs parisiens. Au soir du comité chargé de valider sa prochaine publication (une formalité), la dame m’appelle, gênée, et m’apprend qu’un éminent membre du comité avait mis in extremis son veto à la publication. Éberlué, j’ai laissé filer le temps, et ce gros travail a fini par se perdre dans les limbes des disques durs et des actualisations nécessaires. Puisque, d’une part, ce qui me semblait solide et validé ne valait finalement rien, et puisque, d’autre part, je n’éprouve aucun intérêt à écrire pour mon écran d’ordinateur exclusivement, j’ai décidé de ne plus écrire de livre qui ne soit dûment signé et payé à l’avance.
De ne plus écrire, donc.
Cependant, en 2022, un éditeur pour qui je travaille régulièrement m’a proposé d’écrire un livre sur la mort. Je lui ai raconté ma petite anecdote ; nous avons donc signé un contrat, et une partie de l’à-valoir m’a été versée au fil des mois pour concrétiser l’enthousiasme nourri par les éléments envoyés en cours de conception

  • (problématique,
  • architecture,
  • bibliographie,
  • contenu).

La désirabilité du projet était telle que l’éditeur a accepté de renouer avec une graphiste en froid avec lui parce que je souhaitais que cette artiste réalisât la couverture – elle l’a, en effet, réalisée et de fort belle manière. Puis, lors de la remise définitive du texte, peut-être sous la pression de diffuseurs guère enthousiasmés par le sujet, euphémisme, alors que le livre  devait paraître un mois plus tard, le ton a changé du tout au tout. Le texte super est devenu nul. Autrement dit, après qu’il a été validé à chaque étape de sa conception et de sa réalisation, il était accepté sous des conditions précisément inacceptables

  • (couper les deux tiers parce que ça va être trop cher,
  • changer complètement de perspective,
  • modifier le plan du tout au tout, etc.).

J’ai donc récupéré les droits de mon travail, et j’ai proposé le projet à une vingtaine d’éditeurs de tout type (gros machins, petites boîtes, publieurs engagés…). Trois ont eu la politesse de décliner.
Aujourd’hui, à l’instar du représentant de commerce se demandant que faire de son trop grand sourire après que Mafalda lui a claqué la porte au nez, je me retrouve avec un texte sous le bras voire sur les bras. Je ne le vis ni comme une humiliation, ni comme une ode à mon indépendance, ni comme un scandale attentant à mon génie. J’ai trop connu d’auteurs geignant que leur talent n’était pas reconnu – j’ai souvent été du côté des incompreneurs… – ou que les éditeurs sont des salauds – j’ai souvent été du côté des pis-que-pendre – pour verser dans la moindre geignerie grotesque. Avec mes projets, je me sens comme Georges Brassens (avec un soupçon de différence de succès toutefois) : si l’éditeur en veut, je les sors dare-dare ; s’il n’en veut pas, je les remets dans ma guitare… du moins en théorie. En réalité, le post de ce jour est un intermédiaire entre le tréfonds de ma guitare et les feux de la scène.

*

Ce 24 août 2023,

sans fard, sans cri, sans rage,
sans cracher dans l’potage,

comme le chantait François Corbier, le pdf du texte, libéré des contraintes de publication mais tenu par une exigence universitaire et, malgré tout, éditoriale, sera disponible sur la boutique de mon site. Si, parmi le million de signes que contient l’essai, certains d’entre eux peuvent

  • intéresser les curieux,
  • alimenter leur réflexion, et
  • contribuer à faire raisonner,

par ma foi, tant mieux. C’était le but de l’écriture de La Mort, modes d’emploi. Malgré les rebuffades, explicites ou silencieuses, ça le demeure. Rendez-vous jeudi prochain ! En attendant, un échantillon est disponible gratuitement en cliquant sur La Mort, modes d’emploi – Blad. Bonne curiosité aux, eh bien, précisément, curieux !