
Après un premier mouvement bi-goût, le quintette pour piano et cordes de Béla Bartók s’annonce plus unifié. En effet, le deuxième mouvement est intitulé Vivace (scherzando).
- Ternaire,
 - rythmique,
 - changeant et
 - contrasté,
 
il s’enroule autour d’un thème chromatique peut-être d’origine folklorique. Deux blocs se distinguent : le piano et les cordes. Pour autant, les rôles s’échangent : le leader d’un segment devient l’accompagnateur de l’autre. On se goberge de la labilité de la partition,
- passant d’un marcato à un grazioso,
 - risquant un pesante bien martelé,
 - glissant un dolce presque sucré, tout en
 - manipulant le rythme comme d’autres jouent au Rubik’s Cube.
 
Le dialogue enflammé entre le piano d’Etsuko Hirose et le quatuor Élysée (les deux violonistes ont interverti les pupitres : après Vadim Tchijik dans le quintette de Georges Catoire, c’est à Pablo Schatzman qu’est échu le premier rang) sait être
- bataille rangée,
 - engrenage qui s’auto-entretient dans de vigoureux crescendi mais aussi
 - apaisement provisoire.
 
Béla Bartók flatte l’oreille grâce à
- sa science de l’harmonie,
 - son sens du groove,
 - son art de la narration, et grâce à
 - sa maîtrise de l’instrumentarium dont il prend soin de laisser goûter les très riches possibles.
 
Les interprètes caractérisent habilement les différents segments, qu’ils soient
- rythmiques,
 - élégiaques,
 - tendus ou
 - furibonds.
 
Le surgissement d’un moderato inattendu aux deux-tiers de la course avive la curiosité qui anime l’auditeur depuis le début et le rend suspendu aux prochains épisodes comme un netflixophile en plein binge drinking de son feuilleton préféré. Le travail sur
- les registres,
 - la complexité rythmique (ainsi de ces huit croches pour six),
 - l’agogique augmentant le suspense, et
 - les ondulations des tempi
 
est présenté avec une mâle assurance par les musiciens. La diégèse est
- riche,
 - profuse,
 - savoureuse.
 
Le résultat est
- impressionnant mais jamais m’as-tu-vu,
 - virtuose mais point extravagant,
 - fascinant et pourtant empreint d’un naturel qui ébaubit.
 
À suivre !
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