Monica Leone et Michele Campanella jouent Schubert (Odradek) – 2/9

Première du disque

 

Les quatre polonaises de 1818, opus 75, codées D.599, s’ouvrent sur une danse en ré mineur. Monica Leone et Michele Campanella tâchent d’y associer

  • rythmique fonctionnelle,
  • mignonnitude de la ligne mélodique parfois doublée à l’octave, et
  • contraste du trio.

Cela est fait avec un mélange

  • de sérieux,
  • de délicatesse et
  • de foi

dans une œuvre dont l’intérêt est surtout d’être moins intéressante que les grandes pièces pour quatre mains, ce qui permet à l’auditeur de relâcher sa tension et son émotion après la prenante Fantaisie en fa mineur. La polonaise en Si bémol majeur

  • sautille joliment dans les aigus,
  • respire avant ses reprises,
  • sublime ses nuances piani d’accompagnement et de lead.

C’est fait avec un goût extrême (ceci n’est pas une insulte) sans convaincre que le savoir-faire artistique des interprètes ne tente pas un peu vainement de sublimer une partition fort pimpante – c’est pas si mal – mais guère frissonnante.

 

 

La polonaise en Mi confirme les qualités ouïes précédemment :

  • science du toucher,
  • astuce du phrasé,
  • capacité de placer l’accent juste pour rendre punchy l’énoncé mignon.

L’exécution est remarquable.

  • La mélodie est déliée (les ornementations !) mais décidée,
  • l’accompagnement est léger mais assuré et présent,
  • les effets de synchronisation sont admirables mais d’un naturel confondant.

Quoique délectable, l’écoute mais laisse le fan de Schubert sur le gué s’il n’est pas hardcore : joué par de tels artistes, c’est

  • plaisant à ouïr,
  • clairement capable d’éblouir techniquement le clampin qui a ploum-ploumé sur un piano avec balourdise et se rend compte qu’il lui manquait un détail pour faire musique : le talent, mais
  • tellement loin d’émouvoir tant ces partitions sont secondaires dans la geste schubertienne.

La quatrième polonaise en Fa n’efface aucun des charmes des pistes précédentes. Il y a

  • de l’énergie dans l’accent,
  • de la précision dans la synchronisation de l’intention,
  • de l’efficacité dans l’impulsion et
  • de la science musicale dans l’art de donner du sens au propos par la valorisation
    • d’une harmonie,
    • d’un effet d’attente,
    • d’un motif.

Les interprètes n’y peuvent mais : en dépit de

  • leur perfectionnisme,
  • leur science,
  • leur conviction,

l’urgence de produire ces œuvres sur CD ne paraît pas évidente. Une explicitation sur le livret aurait peut-être défloré le mystère mais aurait aussi orienté le curieux. Peut-être la confrontation d’un opus de 1818 et d’un autre de 1828 nous montrera-t-il pourquoi si, en fait ? À suivre, donc.


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