Irakly Avaliani joue Domenico Scarlatti (Sonogramme) – 2/4

Première de couverture

Un presto en sol mineur : voilà l’programme de la sonate en sol mineur dite K.373 ; et le moins que l’on puisse stipuler, c’est que ça

  • tangue,
  • filoche et
  • rebondit.

Tout est bon pour énergiser le clavier :

  • longs sprints descendant une large partie du clavier,
  • échanges animés entre dextre et senestre,
  • intervalles et accords répétés à gauche pour dynamiser le pépiement à droite,
  • cavalcades chromatiques

s’interpolent, se succèdent et se bousculent sans répit. De quoi crépiter avant l’andante de la pastorale en Ut dite K.513.

 

 

Si le balancement liminaire et l’énoncé des six premières notes évoquent la plus célèbre des siciliennes, à savoir l’andante grazioso de la onzième sonate de Wolfgang Amadeus Mozart, Irakly Avaliani se concentre sur les spécificités de cette miniature :

  • questions-réponses,
  • modulations surprenantes,
  • efficience des mordants et
  • importance des silences laissant respirer les différentes sections.

Avec sa variété

  • d’attaques,
  • de phrasés et
  • de types d’utilisation (ou non) de la pédale de sustain,

le pianiste semble chercher à nous hypnotiser pour mieux nous secouer à l’arrivée du molto allegro, sorte de tambourin ou de musette avec sa basse

  • tantôt obstinée,
  • tantôt simple,
  • tantôt groovy.

Un deuxième contraste naît de la reprise, un troisième du retour de l’allegro, et un quatrième du presto servant de dernier mouvement en Ut, où étincellent

  • la fougue des doubles croches métronomiques,
  • la tonicité des staccati et
  • l’électricité des attaques accentuées.

 

 

La sonate K149 est un allegro dont le la mineur résonne plaisamment avec la tonalité d’Ut majeur qui concluait la pièce précédente. L’allegro en duo rompt la monotonie mélodique en la dopant à grands renforts

  • d’ornements agiles (et pas toujours indiqués sur les partitions),
  • de piquantes notes répétées et
  • de modulations olé-olé.

On est emporté par

  • la légèreté,
  • la sûreté et
  • l’inspiration

du toucher qui trahit la confiance d’Irakly Avaliani dans la musique qu’il a choisie. L’artiste semble habité par un sentiment

  • d’importance,
  • de nécessité et
  • de justesse artistique

le poussant à montrer que ces fragments, souvent très brefs et parfois non pyrotechniques, méritent la plus grande attention du mélomane.

 

 

La sonate K.33 en Ré s’ouvre sur un prologue déchiqueté en quatre mouvements contradictoires de dix-sept mesures (allegro ternaire – moderato binaire – allegro ternaire – moderato binaire). Cette introduction joyeusement étrange propulse un allegro à trois temps. La première interprétation souligne le caractère

  • incisif,
  • vorace et
  • tintinnabulant de l’œuvre.

La reprise en révèle une facette plus complexe où ont aussi leur place

  • le soyeux,
  • l’ambigu et
  • la demi-teinte.

Cette approche construit l’écoute de la seconde partie, où l’on se goberge à la fois

  • de l’allant et de la modulation en mineur,
  • de la pulsation des détachés et de l’onctuosité du legato éventuellement soutenu par la pédalisation,
  • de la férocité du tempo et de la capacité de transformer cette sévérité bienséante en légèreté aérienne par
    • un changement de toucher,
    • une mutation d’intensité ou
    • une infime suspension du discours préparant le torrent à venir.

 

 

Une proposition brillante et profonde dont nous suivrons la déclinaison en ré – mineur, en l’espèce – dès la prochaine sonate, la K.5, dont le pianiste butineur a choisi de nous faire goûter le pistil. À suivre !


Pour écouter le disque en intégralité, c’est ici.

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