
Dernière étape de notre parcours en compagnie d’Etsuko Hirose et du quatuor Élysée : le poco a poco più vivace qui conclut l’impressionnant quintette pour piano et cordes en Ut de Béla Bartók. Fondés sur
- le contretemps,
- la pulsation du piano et
- la souplesse du tempo,
le prélude puis l’exposition du thème travaillent avec gourmandise
- les unissons mouvants,
- la tension entre rigueur métronomique et agogique, ainsi que
- le dialogue entre piano et cordes en général – avec le violon de Pablo Schatzman en particulier.
Indispensables pour tisser une filiation entre musique classique et musique d’origine folklorique,
- la vivacité de l’allure contraste avec le jeu sur les accents lourdauds,
- la netteté de la ligne s’encanaille avec des glissendi tout à fait coquins,
- l’évidence entraînante de la ligne se troue de silences brutaux.
La performance des interprètes consiste en grande partie à jouer cette partition tressautante avec une fluidité qui saisit. Point de morcellement, ici, mais
- des contrastes,
- des surprises, autrement dit :
- du groove.
Tout concourt à la réussite musicale de cette proposition :
- le piano polymorphe d’Etsuko Hirose, çà tonifiant, là lyrique ;
- la capacité des cordistes à se fondre dans un ensemble et à en émerger pour quelques mesures de solo ;
- l’art de trouver ensemble le ton juste pour rendre les différents caractères de la partition sans la transformer en une rhapsodie de fragments caricaturaux.
Pour ajouter un éclat supplémentaire à cette fête, le quintette déploie une palette de nuances d’une variété ébouriffante, auréolant aussi le faux fugato qui
- pimpe le mitan du mouvement,
- débouche sur une cavalcade, et
- dévoile un maestoso fortissimo.
On s’y laisse éclabousser par
- le swing,
- les dynamiques et
- la précision de la mécanique musicale.
Formidables sont
- la souplesse des ruptures rythmiques et harmoniques,
- la légèreté qui enrubanne la virtuosité, et
- l’espèce d’ébriété aussi chic que déboutonnée
qui dynamitent cette section. On entend presque les interprètes se pourlécher les babines devant les mutations tournoyantes
- de tempo,
- de couleurs et
- de dispositifs
jusqu’au finale à l’unisson (hors basses).
- La partition redoutable,
- l’ambition esthétique et
- l’exécution d’une profonde virtuosité
méritent tous les superlatifs : c’est joyeux.
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