
Quarante minutes : c’est la durée du quintette pour piano et cordes en Ut de Béla Bartók, qui fera l’objet de quatre chroniques sur ce site – une par mouvement. L’œuvre a été
- composée en 1904,
- créée avec le compositeur au piano,
- révisée en 1921,
- perdue puis
- retrouvée en 1963.
Son premier mouvement est un diptyque associant un andante à un allegro molto. L’andante est d’abord confié aux cordes que rejoint un piano décidé – cette fois un Fazioli concert 280. Les cinq musiciens s’attachent à rendre la versatilité du prélude en faisant miroiter
- les différentes humeurs,
- les nombreux changements de tempo, et
- les modifications de couleurs apportés par la registration (cordes seules, cordes avec piano, duo violon – violoncelle, trio piano – alto – violoncelle, etc.).
Etsuko Hirose impressionne singulièrement dans sa manière magistrale de traiter avec fluidité
- les traits atypiques de triples croches,
- les cahots rythmiques, et
- les ajustements d’intensité en fonction du rôle attribué par le compositeur à son instrument.
Ensemble, les compères excellent dans
- la création d’atmosphères
- (sérénité,
- suspense,
- électricité,
- explosivité),
- le tuilage d’un registre à l’autre, et
- la capacité à donner une sensation de cohérence à cette étrange donc fascinante succession de vagues hésitant entre
- le fracas bénin sur la digue,
- la tension sous-marine dont on redoute à raison les conséquences, et
- la colère tempétueuse qui débouche sur un allegro de cinq mesures puis sur l’allegro molto attendu.
La présente version sait associer (c’est-à-dire tantôt
- opposer,
- confronter mais aussi, à l’occasion,
- superposer)
des caractéristiques aussi contradictoires que
- le brio et et l’intériorité,
- la tonicité et la douceur,
- l’expressivité et l’allant.
En ébullition, l’écriture du jeune Bartók multiplie les modifications de cap :
- ici un agitato,
- çà un dolce,
- là un pesante.
On apprécie la manière dont les musiciens donnent une cohérence à cette collection de vignettes bigarrées.
- L’étagement des voix,
- le travail de synchronisation, et
- l’art de contrastes parfois univoques, parfois ambigus,
soutiennent l’attention au long de ce voyage dépassant les douze minutes. La partition n’y est pas pour rien, mais la vaillance spectaculaire des interprètes lui rend joliment justice. À suivre !
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