Jeu est d’un autre
Premiers pas dans le jeu du maboul bien connu qu’est Gauthier Fourcade, en attendant de lui envoyer quelques questions suite à cette incursion liminaire. Pas simple, son délirant jeu géométrique de réflexion hasardeuse, mais stimulant. C’est le contraire qui rendrait chafouin.
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L’accord râle
Quand une chorale te sollicite pour répéter et ploum-ploumer avec elle, mais que, même si t’as oublié ton appareil photographique, t’es également palpité par les gros chiens des environs et, à défaut, par les parties secrètes de l’église où tu répètes, feat. le clocher et les charmantes charpentes.
Bien accompagné 3
Aujourd’hui Sleepy aka Grand Gourou aka King of the Groove a envoyé un mandataire pour prospecter l’orgue mutin Cavaillé-Coll de Sainte-Marie-Madeleine de Domont. À l’heure où nous mettons sous presse, le verdict délivré par l’expert n’a pas été révélé.
Coup de pouce bien accompagné
Émule de la starteupe néchonne, je me suis mis en mode fusion pour ce post. Après la session « coup de pouce » et le moment « bien accompagné », voici le mix : le coup de pouce bien accompagné. En d’autres termes, il s’agit de l’après-midi registration-tourne du dimanche pour un ami au carré (un ami d’ami, donc), qui s’aventurait sur les terres de Vera Nikitine en compagnie d’un jeune apprenti coaché, comme la puissance invitante, par Jean-Luc Thellin.
Cerise sur le clafoutis, deux percussionnistes étaient de la partie pour interpréter le Boléro de Pierre et Jean-Marc Cochereau. Enfin, deux et demi. Récapitulons afin d’être stipulatoire. À la base, nous avons donc deux organistes en formation.
Aux deux organistes s’ajoutent deux percussionnistes professionnels, ici présentés sur une photo d’organiste. On appelle « photo d’organiste » une photo de groupe où les organistes sont presque nets, les percussionnistes, non. Peut-être aussi parce que lesdits percussionnistes sont soupçonnés d’être allés boire une bière avant le concert sans inviter le photographe – ça peut jouer.
Ce nonobstant, notre exigence de transparence nous oblige à stipuler que ce concert concaténant Buxtehude, Bach, Mozart, Lefébure-Wély, Franck, Messiaen et Cochereau n’aurait sans doute pas été le même si un artiste polymorphe n’avait pas pris la peine d’apporter ses lumières musicales. Sleepy, dit Grand Gourou, avait une nouvelle fois décidé de tester (« quasiment au sens anglais de goûtation buccale ») les deux contributeurs instrumentaux du jour, à commencer par l’orgue.
Après s’être senti très à l’aise, au point de faire l’article du Beuchet-Debierre à la façon d’un guide très sûr de lui, il a condescendu à s’essayer à la percussion. Il a fort apprécié cette expérience, puis a regagné sa place de spectateur privilégié afin d’assister, en connaisseur, à ce qu’il considérait dès lors comme « son concert ». Jugeant « gouleyant » le sens du rythme de l’un, « scrupuleux » le souci de restitution de l’autre, il a surtout goûté les interventions de ses amies les percussions. Au point d’envisager de ne plus s’appeler seulement Grand Gourou mais, peut-être, aussi, en guise de sous-titre, King of the Groove. Voilà où l’on en est, hic et nunc. La suite, inch’Allalalalah, aux prochains épisodes.
Bien accompagné
À l’occasion des trois cérémonies à jouer ce jour, j’étais escorté par un « amateur de curiosités ». Sa conclusion : « Pour jouer de la musique comme pour boire quelques coups, l’important est d’être fort bien assis. Le reste relève de la paraffine. » Dont acte.
44 – Jour J+4

La dream team du 7 juin : Claudio Zaretti, Réjean Mourlevat, Antoine Delahaye, Rozenn Douerin, Al’Sleepy et Fabrice Dupray. Photo : Bertrand Ferrier.
Aujourd’hui, comme depuis cinq jours, jour spécial. Réunis exactement sous le soleil de Drancy, quatre choristes, un trompettiss-baryton-chanteur, un réalisateur artistique (voire plus) ont accepté de se plier au jeu de l’album-de-quarante-quatre-chansons-enregistré-en-cinq-jours. Faut dire pourtant, ils sont pas toujours accueillis avec le smile. Genre s’ils sont retardés, le convocateur grogne et pourtant prend quelques minutes pour discuter avec un pitt qui passe (en prétextant que, sifo, après, on n’a qu’à courir). Mais peut-être ils comprennent, et sans doute ils sont gentils. Du coup, on abuse. Tiens, typique, un exemple.
Le trompettiste qui ressemble à Siegfried ou à l’organiste-compositeur Serge Ollive, là… Oui, Fabrice Dupray, c’est ça. Bon, on lui dit : « Faudrait jouer ça comme ci », il joue comme ci. Puis tu lui dis : « Non, finalement, t’es mignon, mais faudrait plutôt jouer comme ça. » Le mec joue comme ça. Puis tu dis – bref, le mec pourrait ôter ses lunettes et te dire : « Écoute-moi bien, jeune gougnafier à la trogne absurde, tu commences à susciter en moi l’espoir d’un pneumatique en début d’été – voilà, tu me gonfles », mais point. Il te regarde bien droit dans ta partie oculaire, et il rigole. D’ailleurs, je sais pas si ça vaut mieux, mais bon. Alors que tu lui demandais juste de jouer moins bien pour être dans l’esprit de la chanson. Du coup, il a proposé une pose, histoire de faire une pause.
En fait, cette posture de drille joyeux n’a qu’un objectif : tenter de centre l’attention sur lui, afin de faire oublier la présence de l’écrivain Anthoine Delahaye, fan de Patrick s’il en est, celle de la violoniss-artiss lyrique Rozenn, celle de son ours-singe Sleepy, et celle du contrebassiss-chanteur Claudio Zaretti, dont nous dîmes parfois quelques bonnes choses et en écrivîmes certaines, certaines. Les cuivres, c’est ça : super pour jouer donc aller boire un coup avec, mais, côté professionnel, y en a que pour ma gueule. Sérieux, parfois, t’as envie de les secouer dans une grande boîte… puis tu te souviens qu’ils viennent gratos, avec les autres zozos, pour essayer de pimper tes billevesées. Alors, tu leur dis merci, comme aux autres, et tu remballes tes affaires. Soyons stipulatoire : comme dans un prélude et fugue, le plus difficile, c’est clairement pas la première partie du défi.
44 – Jour J+3
– Alors, aujourd’hui, Bertrand Ferrier, c’était vraiment une journée spéciale dans votre enregistrement du gros disque de 44 chansons « dans les conditions du direct »…
– Oui, comme les autres.
– Comme les autres conditions ?
– Non, comme les autres journées.
– Impressive, guy. On voit ci-dessus l’entrée du studio par laquelle, ce jour, vous n’êtes pas seul – avec le réalisateur artistique de l’album – à être passé…
– Absolument. Comme que nous disons en termes techniques de musicoss, nous avions de la visite.

Pierre-Marie Bonados au studio Rêve le jour, donnant son max, comme d’hab, devant le micro de Réjean Mourlevat. Photo : Bertrand Ferrier.
– Featuring un caïd des souffleurs.
– Stéza. Pierre-Marie Bonafos, le mec en question, est un saxo de référence dans le monde du jase. Tu lui montres des paroles, il trouve la tonalité et il la transcrit en saxophone soprano italien.
– Pardon ?
– Laisse béton, et retiens que ce mec a le feeling et le grouve. La preuve, quand tu lui dis : « Tu peux la refaire George Michael ? », non seulement il te la refait George Michael mais il est devenu George Michael, le bastardo.
– Et vous le connaissiez, avant, ce fossoniss ?
– Un tipeu.
– Un mec ?
– Pardon ?
– Un type ?
– Non, faut s’ouvrir les esgourdes un petit peu. Mais je veux pas m’énerver. Je préfère juste dire que c’est PMB qui me connaissait. Il joue hypermieux du Bertrand Ferrier que Bertrand Ferrier – si c’est pas un signe de talent, mon canard…
– C’est pas très clair, mais j’imagine que c’est un code de musicien. Heureusement, PMB n’était pas le seul à franchir le seuil, humour…
– Fort drôle, en effet. Et, de fait, une soprano qui chante la Traviata était au rendez-vous.
– Et ?
– Ben, déjà, c’est important de noter que des gens qui chantent la Traviata parfois ils mangent des sangs-de-gouiche.
– Ha, vous dites « sangs-de-gouiche » ?
– En revanche, la nana, par le fait même qu’elle chante la Traviata, même pas elle voulait être photographiée.
– Mais vous l’avez quand même photographiée.
– Si peu, si peu…
– En effet. Un mot de conclusion ?
– Trois : l’aventure continue.
44 – Jour J+2
– Bertrand Ferrier, bon ben, bonjour, j’crois qu’y a pas d’autre mot. Aujourd’hui, journée spéciale dans l’enregistrement de l’album 44 ?
– Comme les quatre autres journées, oui.
– Super, j’adore ton humour. C’est vrai que, demain, y a des loulous qui débarquent ?
– Oui, on fait une première demi-journée avec des musiciens additionnels.
– Donc les partitions sont écrites, les…
– Tu sais, pour moi, l’important, c’est la granularité du son et la spontanéité du musicos.
– Mais les partitions sont quand même écrites, les…
– J’ai envie de te répondre : peu importe. Ce qui compte, c’est que les artistes soient vraiment présents à eux-mêmes. Le reste vient de surcroît.
– Sérieusement, tu ne crois pas que ce serait mieux si…
– J’aimerais qu’entreprendre un recording, ce fût s’extirper de la zone de confort qui nous ensuque, et se déprendre du carcan qui nous limite. Laissons le feeling et les vibes exprimer notre transport.
– OK, man, une dernière chose à ajouter ?
– Quand j’évoquais le transport, je ne pensais pas à la brouette.
– Bon, sinon, au niveau canin…
– J’ai retrouvé les deux monstres de Drancy. Hier, c’était mon côté miniDiam’s, j’ai présenté une p’tite boulette. Aujourd’hui, je vous présente un autre pit.
– Il a l’air triste.
– Il est triste. Il est super gentil, mais supertriste. C’est ça qui est triste. J’espère que les artistes de demain sauront lui redonner le smile.
– Ceux qui viennent au studio ?
– Et les autres. Ceux qui continueront de musiquer pour que de belles vibrations envoient chier la tristesse des demains à venir.
– Je pense qu’on va arrêter là l’entretien. Zarma, jamais y a une personne elle accepte de publier ça !