David et Slava Guerchovitch jouent Maurice Ravel – 4/4

Première du disque

 

… et pour finir leur disque, David et Slava Guerchovitch proposent de parcourir un autre pan de l’imaginaire ravélien  : la musique d’Europe de l’Est. Cheval de bataille des violonistes, Tzigane est un « morceau de virtuosité dans le goût d’une rhapsodie hongroise » et s’ouvre sur une longue introduction jouée par le violon seul lentement et avec l’apparente liberté d’une cadence. C’est donc parti pour un festival de

  • rubato,
  • frictions de tempo,
  • suspensions du discours avec ou sans point d’orgue, et de
  • passages « molto espressivo ».

David Guerchovitch sait

  • prendre son temps et lâcher les p’tites saucisses,
  • varier les couleurs du son et les types de vibrato,
  • glisser sur son manche et ciseler les notes.

Doubles et triples cordes ne lui font pas plus peur que longues tenues ou harmoniques. Il donne à entendre la fausse improvisation que l’on attend. Le piano virtuose le rejoint pour clore la cadence et lancer le second mouvement sur un ostinato qui circule d’un compère à l’autre.

 

 

  • Le dynamisme des appogiatures,
  • l’habileté des changements de tempo synchronisés, et
  • l’impression de naturel qui découle de l’aisance technique des interprètes

rendent fort agréable l’écoute de cette œuvre à grand spectacle. La rhapsodie sait garder son aspect surprenant sans s’éparpiller dans le décousu.

  • Les dissonances pianistiques du « grandioso » sont savoureusement mises en valeur ;
  • le miroitement kaléidoscopique d’un moderato changeant se déguste comme du petit lait ou, pour ceux qui préfèrent, un bon Cornas ;
  • le chaos rythmique de la coda groove sec avec ses changements
    • de mesure,
    • de battue et, évidemment,
    • de type d’agogique (entre « poco meno vivo » et « sempre accelerando ») dans le grand geste du finale.

Autant conclure que, avec cette proposition, les frères Guerchovitch confirment leur art mais aussi leur manière. L’auditeur à la recherche

  • de rugosités enflammées,
  • de contrastes virulents ou
  • de grandes secousses

passera décidément son chemin – en ce sens, la photo illustrant le disque ne ment pas ! Au contraire, celui qui aime des interprétations

  • propres mais point routinières,
  • tenues mais point lisses,
  • bien élevées mais point guindées

pourra au contraire trouver dans ce disque un Ravel bien troussé qui lui siéra à merveille !


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Johann Sebastian Bach
Maurice Ravel 1 et 2
Franz Liszt

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