Herbert du Plessis, INJA (Paris 7), 16 mai 2025 – 1/4
Il avait décidé de bastonner : ce vendredi soir, à l’invitation d’une association hongroise, Herbert du Plessis est arrivé à l’INJA avec ce que les commentateurs de sports de combat – donc des pianistes de l’extrême fans de MMA de la trempe d’un Tristan Pfaff – appellent « de mauvaises intentions ». Le gars avait décidé d’envoyer du boudin, à en croire la lexicologie, cette fois, des musicologues ayant fait leur apprentissage dans la boucherie porcine. Le programme du soir était si hénaurme que l’on peinait à croire que le pianiste l’assumerait en entrant dans l’arène.
Pourtant, tout commence par la quatorzième sonate de Wolfgang Amadeus Mozart, dédiée en 1784 à la femme d’un des masters de l’édition musicale viennoise, faut bien vivre. Face à la mollesse convenue du Mozart au kilomètre, HdP oppose sa confiance dans la partition. Le molto allegro est investi mais non surinvesti. En dépit d’une écriture qui peine à nous envoler, impossible de ne pas saluer une interprétation qui associe
- allant,
- nuances et
- changement de dynamiques.
Herbert du Plessis fusionne plus qu’il n’oppose
- accents et staccati,
- continuité des phrasés et surgissement des ornements,
- rigueur mozartienne et agogique faisant respirer la partition,
- bariolages tonifiants et unissons octaviés.
Avec l’adagio, l’interprète choisit de contraster nettement les tempi. Il prête attention
- à la ligne musicale,
- à l’étagement des intensités, et
- aux effets d’attente
(d’autant que l’auditeur non-mozartomaniaque cherche, en effet, quelque chose à attendre). Voilà le pianiste tentant de nous captiver parce qu’il mix’n’matche des inconciliables tels que
- netteté et chaleur,
- continuité et suspension,
- caractérisation des registres et complémentarité des tessitures.
L’allegro assai final est l’occasion
- de bousculer la mignonnerie du propos sans la rejeter,
- de s’inscrire dans une dynamique narrative sans lisser les heurts ni aplanir les cahots, et
- d’événementialiser les twists sans gommer l’effort du compositeur pour tisser des fils rouges bien reconnaissables
- (motifs,
- sujets,
- formes).
De quoi ouvrir l’appétit (principe étymologique de l’apéritif) avant l’hénaurmité qui attend l’interprète et ses auditeurs : les douze études op. 25 de Frédéric Chopin, à écouter par écrit dans une prochaine chronique.