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Uh-uh

– Mais c’est toi qui devais accorder le clairon ! Moi, je suis nul en facture…
– J’ai trop le vertige. Tu verras, Bertrand, c’est simple, et en plus je te fournis la rasette. Tu cherches le 2C#, et tu tapotes. Allez !
– Pfff, d’accord. Alors, s’il te plaît, 2C#, tu peux te dénoncer ? Je suis monté jusqu’ici pour te tapoter, quand même.

Still got the groove

Quand Jean Guillou ne jouait pas sur les grandes orgues, c’est lui qui swinguait les cinq claviers et le pédalier. Il s’appelle Vincent Crosnier, il a préparé un programme de ouf (1 h 10), avec écran géant, église chauffée, programme offert, entrée libre et probable présence de Jean Guillou en personne. On voulait faire plus, mais on n’avait pas d’idée (à part en rachetant le bar d’à côté pour faire la chouille, mais c’était pas dans nos moyens – désolé, vraiment). Rendez-vous à 17 h au 24, bis rue de Saint-Pétersbourg / Paris 8.

Le Soum-Soum 6, 13 janvier 2017

Bertrand Ferrier au Soum-Soum, le 13 janvier 2017. Photo : Rozenn Douerin.

Aux côtés de Rémy, Barthélémy Saurel et Claudio Zaretti, la chanson, c’est mignon. Mais quoi à propos de parler des vrais sujets ?

Par ézampe, la mondialisation du souinnegue.

Mais l’artissse est d’abord suikissoucie du pov. La preuve. (Je sais, la basse saoule, mais bon.)

Zoophile, par souci de beuze, avec un “z”, le vocalissse peut aussi défendre les lapins, donc les tartines.

Mais bon, faut respecter les tubes qui nous mettent à nu.

Ça se précise

Vincent Crosnier se chauffe les doigts en vue du concert de dimanche. Vous y voir serait chouette, comme dit l’éléphant (ou le hibou, je sais plus). En attendant, voici l’programme.

Duo Intermezzo, Institut Goethe, 11 janvier 2017

Pourquoi va-t-on au concert ? Soyons clairs : la plupart d’entre nous, nous sommes fatigués de notre journée passée, de notre journée à venir et du métro que nous attendrons peut-être douze minutes, deux fois douze minutes si nous avons une correspondance, et du réveil qui, implacable, sonnera presque bientôt. Bien sûr, des musiciens nous attendent mais, comme le faisait remarquer Blandine Rannou en substance (je traduis de mémoire et approximatif) : “Je peux travailler une journée sur un ornement, mais la personne qui a travaillé toute la journée avant de m’entendre le jouer, qu’est-ce qu’elle en a à carrer ?” Bref, pourquoi se bouger le popotin pour aller à l’institut Goethe applaudir des inconnus (si, toute proportion gardée, Marielle Gars et Sébastien Authemayou sont des inconnus) qui jouent Piazzolla et Bach ?

François Segré (Socadisc), pré-présentant le concert.

Première raison, peut-être, envoyer déféquer cette fatigue qui nous ensuque et nous conseille de rester stagner comme un marigot chez nous. En effet, tant qu’à vivre à Paris ou pas loin, autant profiter des atouts culturels presque pas chers de la capitale, comme ces concerts de jeunes virtuoses proposés avec le sourire, pour dix euros avec un p’tit verre et un bretzel, par ces énergumènes d’outre-Rhin disposant, 17, avenue d’Iéna, de locaux idéaux pour de beaux concerts presque intimes.


Deuxième raison, sans doute, l’envie de découvrir ce que mijotent Marielle Gars et Sébastien Authemayou autour de Bach (d’où l’institut Goethe ?) et Piazzolla. De fait, après un premier disque Piazzolla, les énergumènes ont souhaité mettre face-à-face l’Allemand et l’Argentin, d’autant que le bandonéon aurait été importé en Argentine par des marins allemands, etc. Le programme du soir porte trace de cette pulsion dialogique, carrément, puisque, à quatre pièces d’Astor, succèdent quatre pièces d’Astor ET Johann Sebastian (souvent des pièces de Piazzolla sur lesquelles sont greffées des transcriptions de Bach), avant qu’une coda piazzollienne et un excellent bis avemarien ne clôturent la fête. Peut-être la faiblesse du concert, joué à guichet presque fermé, est-elle là : plutôt que de ponctuer le récital par des interventions parlées, conviviales mais un peu maladroites donc pas à la hauteur du talent des musiciens, une explication liminaire sur le projet bachien eût été précieuse. En clair, que Piazzolla ait su associer les sonorités, les rythmes et les harmonies argentines à la science contrapuntique dont Bach est l’icône, personne n’ira là contre ; mais le rapport entre les pièces d’Astor et les ajouts de JSB, hormis le jeu des tonalités, ne saute pas aux oreilles et paraît, souvent, plus qu’un brin plaqué. Est-ce à dire que le concert ne séduit pas ? Ben non, et l’enthousiasme d’un public en folie malgré le grand âge d’une partie des spectateurs en témoigna avec force et virulence. L’engagement du bandonéonissse et la pertinence de la pianissse (discrétion, virtuosité à bon escient, science des couleurs) séduisent. Simplement, le pari qui consiste à fusionner deux musiques à la fois proches et dissemblables aurait peut-être gagné à être explicité – ou à être tu, si rien n’était parlé.

Pourtant, la troisième raison qui pousse les fatigués de mon acabit à se bouger le fondement dans des concerts, c’est aussi l’accueil réservé aux spectateurs. Passée la ridicule pantalonnade sécuritaire de l’entrée, le sourire des billettistes, la simplicité des organisateurs et l’accessibilité des artissses en dépit de leur virtuosité participent du charme de ces soirées. Prochaine date : le 7 février, 20 h, pour un récital Brahms et Chopin de Hardy Rittner (non référencé sur le site de l’Institut au moment où nous rédigeons ces lignes). Prometteur !

Ensemble vocal international Bastille, Notre-Dame de Vincennes, 8 janvier 2017

Ténors : Davide Cusumano, John Bernard et Gilles Safaru. Basses : Bernard Arrieta, Pier Paolo Palloni, Marc Chapron. Sopranos : Jennifer Elaine Young, Barbara Montinaro, Vania Boneva. Altos : Eun Young Jung, Marianne Chandelier, Olga Oussova. Dir. : Luca Sannai. Photo : BF.

Douze voix plus une, pas de ploum-ploum derrière, rien que du chant de haut niveau : voilà le projet de l’Ensemble Vocal International Bastille (EVIB) dirigé par Luca Sannai et composé pour partie de chanteurs du chœur de l’Opéra.
Le concert du 8 janvier suit un cap : musique sacrée autour de Noël et de la Vierge, avec quelques embardées allant du « Notre Père » de Nikolaï Kedrov aux gospels… ce qui brouille donc enrichit le répertoire, sans témoigner d’un manque de biscuit noëllique puisqu’un medley de noëls servira de bis. L’EVIB fait montre de réelles qualités : un choix cohérent de pièces à la fois consonantes et contemporaines ; des solistes sachant allier souffle et projection, notamment lors des tenues ; un souci de spatialisation ponctuel (« Det är en Ros Utsprunger » de Jan Sandström, avec choral de Praetorius dissocié, façon Immortal Bach de Knut Nystedt, Notre Père entre hommes autour de l’autel, ou l’hymne à la vierge de Benjamin Britten avec chœur partiellement envoyé dans une chapelle au fond de cour) ; une belle brochette de chanteurs sachant chanter, parmi lesquelles on note, entre autres, les belles dispositions du chef ou de la soprano soliste, miss Jennifer Elaine Young. Peut-être certains pointeront-ils telle scorie selon son goût (justesse qui se cherche un peu dans certaine reprise ; interprétation de gospels volontariste mais un peu figée en dépit du plaisir communicatif de John Bernard – ténor aux faux airs de Geoffroy Heurard ; souci de cohérence des pièces pouvant ne pas rendre justice du potentiel du chœur à force d’harmonisations bien troussées mais un brin similaires – on aurait aimé entendre le groupe oser quelques compositions décapantes, même si le projet d’un concert grand public explique la très paisible set-list…).
Les qualités patentes emportant les réserves sous leur puissance, le spectateur est obligé d’être séduit par cette somme d’individualités, peut-être pas encore fondues dans un même souffle et cependant déjà capables d’offrir, avec enthousiasme, leur talent et leur désir de chanter ensemble devant un public venu nombreux les applaudir. À suivre, concluront les gourmands !