
On l’avait quittée jadis, du temps de son double album 2 en 1 puis de sa présentation à l’espace Jemmapes, alors qu’elle oscillait entre son image de marque première (une femme seule chantant avec son violoncelle) et ses envies d’autre chose – s’associer à un guitariste, notamment. Depuis, Katrin’ Waldteufel a audiblement cheminé, réfléchi, avancé et grandi. C’était déjà singulier, c’est devenu ontologique, au sens où on sent que l’artiste a trouvé sa place, sa voix, son identité chansonnique – sera-ce provisoirement, qu’importe !
Mise en scène par Camille Feist, la violoncelliste entre sur scène avec manière de xylophone portatif, suivie par Martial Bort, redoutable guitariste auquel le jazz ne fait certes pas peur. Elle claque sa première nouvelle chanson, fondée sur une parophonie planplan, « Samsung, ça m’saoule », visant à, banalement, vilipender l’usage abusif des portables. Craint-on une conversion au consensualisme smooth ? la deuxième chanson met les choses au clair en dénonçant les « CONNASSEUHS », id sunt
- les téléphoneuses de transport en commun,
- les jouisseuses aux fenêtres ouvertes,
- les préposées et
- les « pauvres châtons », ces enfants qui cassecouillent le monde entier sauf leurs choupinets de parents.
De quoi se préparer à l’amour, fût-il fiscal, pour son Trésor (public) qui, « plein de reproches, pique dans [s]es poches ». En dépit de la situation agaçante, le violoncelle s’épanouit alors, tandis que la guitare sèche se révèle habilement créative. Après une chanson fiscale se faufile une chanson calme, hommage à un chat, accessoire indispensable qui « sert à rien » et « n’est pas nécessaire à [notre] survie », sauf si c’est de ce rien que l’on a besoin. Variant les plaisirs, Katrin’ Waldteufel pose son violoncelle et s’abandonne aux bons soins de Martial Bort pour chanter un « trou de verdure (…) qui garde ta présence » et « où les oiseaux voltigent et dansent comme toi ». L’émotion n’est pas palpable, elle est physique car l’artiste travaille sur la fragilité de la voix dans l’ensemble de son large spectre.
Alors que, à 400 km du PIC, le Hellfest bat son plein, la chanteuse trouve que le moment est judicieux pour envoyer le tube hard rock ou quasi. Avec son violoncelle alla Apocalypitica, Katrin’ Waldteufel se souvient : « Avec ma grand-mère, j’avais le droit de tout faire », notamment mettre du rouge à lèvres au chat ou mettre sa robe sans culotte… du moment qu’elle ne touchait pas la photo de papy. La salle s’enflamme et chorusse comme il sied, appréciant la diversité du répertoire mais aussi la variété de son interprétation. En effet,
- l’artiste chante tantôt assise, tantôt debout ;
- elle use ou non de son violoncelle ;
- quand elle le sollicite, elle s’en sert pizzicato ou coll’arco voire les deux.
Bref, elle déploie une jolie palette scénique qui enrubanne gracieusement un tour de chant riche et piquant, dont nous conterons les suite et fin dans une prochaine notule. À suivre !