
« Peut-on mieux magnifier le Tout-puissant qu’en riant avec lui de ses petites plaisanteries ? » écrit Samuel Beckett dans Oh les beaux jours en laissant son héroïne se noyer dans la scène. C’est cette question que pose l’improvisation sur « le rire qui magnifie », deuxième volet de la Symphonie bigarrée, improvisée autour de quatre rires de Dieu, à l’occasion du récital donné le 21 juin 2025 en la collégiale Saint-Martin de Montmorency.
Alors qu’un motif cristallin amorce le propos, très vite, des accrocs se faufilent. Seront-ce les « petites plaisanteries » ? C’est possible car, plus le motif se répand sur les claviers, plus les doigts semblent vouloir partager ce que Beckett désignait comme des échantillons d’humour divin. Les différents
- jeux,
- registres et
- plans sonores
amplifient le ressassement du motif.
- Des ruptures,
- des surgissements et
- des silences
fragmentent ce qui aurait pu être un sketch léger et charmant mais, confronté à ses implications métaphysique, se métamorphose. Des feux d’artifice tonnent dans la ville de Montmorency, comme un tonitruant rire divin. Face à ce fracas coloré, le rire des petites créatures s’assume
- saccade,
- attente,
- brisure
- – éclat, en somme.
Encouragés par ces failles et ces cahots,
- cromorne,
- voix humaine et
- anches de pédale
essayent à leur tour de raconter une blagounette pour, elles aussi, faire rire. Mais n’est pas Dieu qui veut. Leur intervention n’est pas drôle. Elle s’embourbe plutôt dans un incipit de passacaille vite avorté. En un syntagme, elle gâche l’ambiance. Les dernières tentatives pour rire sont, en effet risibles. Parce que le rire divin magnifie Dieu, l’homme ne pourra jamais susciter un rire semblable, Dieu restant le Tout-Autre. Pour rendre gloire à son créateur, il ne reste plus à la créature qu’à « rire avec lui de ses petites plaisanteries ». Ce qu’elle fait, à sa mesure, dans la vidéo qui suit.
