
Officiellement, la première partie du concert final du festival Érard 2025 devait comporter trois œuvres plus ou moins lisztiennes. Après la « Marche des pèlerins » d’Hector Berlioz réduite par Franz Liszt pour alto et piano, nous avons ouï l’ambitieux Tristia, une transcription de Franz par Liszt. Prenant la parole à la place de Laurent Lévy, l’impatientant « présentateur », la harpiste Françoise de Maubus annonce qu’elle donnera un bis avant même de jouer Le Rossignol, une pièce de Franz Liszt transcrite par Henriette Renié. Au nouveau programme, donc, une « petite pièce » d’Henriette Renié qui « ouvre sur un jardin ». La harpe se déplie alors,
- un temps liquide,
- parfois enflammée,
- toujours aérienne.
Françoise de Maubus propose une interprétation nourrie
- de nuances,
- de variations de caractère et
- d’une technique souveraine (ça n’est jamais inutile, avec cet étrange instrument).
L’arrangement du « Rossignol » de Franz Liszt prolonge ce petit plaisir en laissant la musicienne exprimer
- la légèreté de sa virtuosité,
- son sens éprouvé de l’agogique juste, ainsi que
- son talent pour caractériser clairement les différents segments en jouant sur
- les attaques,
- les nuances,
- la résonance et
- les respirations.
La dernière partie du quintette pour piano et quatuor à cordes de Jean Cras est hélas précédée d’un blabla superfétatoire autour de Paul Valéry et non pas du cimetière marin mais, cette fois, de la plage. Aucun rapport avec la suite, mais toujours ce besoin assez sordide d’ennuyer les mélomanes avec des mots dont il eût été plus malin de faire l’économie. Le concert ayant commencé avec un bon retard et le « présentateur » ayant pris plus que sa place en cette fin d’après-midi, je sais que je ne pourrai assister qu’au premier des quatre mouvements, la messe du dimanche soir n’étant pas du genre à attendre l’organiste sollicité pour l’accompagner. Dommage car, annoncé « clair et joyeux » voire « assez animé », ce premier acte se révèle fort plaisant :
- tonicité des cordes (Saskia Lethiec et Takashi Hamano au violon, Marc Desmons à l’alto, François Salque au violoncelle),
- motorisme du piano (joué par un Jérôme Granjon étincelant),
- variabilité des humeurs,
tout titille l’oreille. La musique est
- habile à défaut d’être piquante,
- prenante à défaut d’être poignante,
- bien tournée à défaut d’être saisissante.
Guère d’émotion profonde, donc, mais un joyeux sentiment qui ressemble au plaisir d’écouter une jolie pièce portée par une interprétation
- techniquement impressionnante,
- incarnée et
- inspirée.

Elle-même inspirée par
- la lettre de Paul Valéry sur la plage,
- sa sensation de bien-être et
- l’idée que ce quintette a été écrit par un marin,
une spectatrice ressent le besoin plus grossier que grotesque de se déchausser pour se mieux délecter
- du gros temps,
- de la mer plane et
- des vagues
qui, avec un peu d’imagination, caractérisent tour à tour le paysage sonore. L’heure et la minute sont alors venues pour nous de quitter ce festival 2025 avec l’espoir d’être encore de ce monde pour profiter de la cinquième édition qui aura lieu du 9 au 11 octobre 2026 !
Retrouvez ci-dessous les notules sur les précédentes éditions du festival
Le concert du 13 octobre 2024 est chroniqué ici.
Le concert du 11 octobre 2024 est chroniqué ici.
Le concert du 15 octobre 2023 est chroniqué ici et là.
Le concert du 13 octobre 2023 est chroniqué ici.
Le concert du 15 octobre 2022 est chroniqué ici et là.