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Vivant dans le quinzième

On chante pas tous les jours à l’Olympia. En tout cas, pas moi. Parfois, on t’invite “dans les quartiers”. Parfois, t’es payé pour ça ET accueilli comme un boss : y a pas de loge, mais le matos est fourni et installé, quelqu’un te fait les balances et règle en direct le son, on a dressé une table avec des framboises, des abricots secs, des bananes, des kiwis, même du bourgogne aligoté (qui sera pas ouvert, hélas, mais le projet donne joyeusement soif), et des gens qui te connaissent pas mais sont venus pour t’écouter puis te dire que c’est kiffant ce que tu fais. Donc c’est pas mal aussi, gros, pas-l’Olympia. En voici quelques souvenirs…
… à commencer par La sieste, idéal vital.

Grâce à Michel  Bühler, on honora Le village.

C’était déjà cette heure étrange, Entre chien et loup.

On en profita pour projeter quelque American Movie.

Michel Bühler nous incita alors à parler pluie en évoquant Les p’tits, les gros.

Pour m’en remettre, je donnai des ordres originaux, du style : Fais-moi l’humour.

Incapable d’esquisser un récital sans chanson géographique et ferroviaire, je croquai le portrait de La gare d’Arras

… et finis en rappelant que Le monde est tout petit, sauf quand tu dois aller au fin fond de la banlieue depuis un autre fin fond d’une autre banlieue, mais c’est pas le sujet.

La quête du râle

Grand jeu dominical : devine où est la partition dont tu as absolument besoin, et lui donne un baiser (si tu la trouves).

De Bach à Bach : la ballade de Yann Liorzou

Un grantartiss.
Un groprogramme pour tous.
Générosité, variété, exigence, grantécran, trégratuitt.
Avec un Breton, en sus. Avizonatifs et aux gens normaux, presque comme moi.

Du métronome au métro rhum

Quand tu es accueilli à ta répétition par un café bien serré, puis une dégustation impromptue de rhum 44 (ambiance agrume macérée avec 44 grains de café a minima 44 jours) et de rhum bois bandé (très marqué par l’anis étoilé), tu sens que le feeling musical va être bon.

Vincent Genvrin, 8 mai 2017, Maison de la radio


J’avoue, je n’ai rien compris à l’idée de “concert-atelier”, et j’ai été un brin déçu par ce que cachait cette appellation. Puisque ce concept d’une heure environ mettait en son Vincent Genvrin, grantorganiss et transcripteur, j’espérais que l’on entrerait dans son (ha-ha) atelier spécifique avec des questions du type “pourquoi transcrire pour orgue des trucs qui fonctionnent très bien ailleurs”, “à partir de quoi transcrire et en imaginant quel type d’orgue”, etc. La réplique fonctionnelle quoique spécifiquement cultivée, ou l’inverse, qu’apporte à l’artiss François-Xavier Szymczak ne fraye point dans ces eaux-là et se contente de ponctuer, avec une sobriété BCBG, les interventions du musicien. (D’autres critiques ? Bien sûr ! Par exemple, le fait qu’une assistante que l’on imagine rémunérée ne daigne pas faire l’effort d’adopter un haut assorti au bas ; l’horripilant tuyau qui serpente jusqu’à la console mobile ; la honteuse sonorisation, dans une “maison de la radio” qui rend peu audibles les échanges parlés depuis les “loges” latérales ; et l’absence de “
programmes de salle », dont le texte est disponible sur Internet mais pas en direct live, allez comprendre.)


Un tube ouvre joyeusement la présentation de ce concert parlé autour de la transcription. En l’espèce, “Jésus que ma joie demeure” dans la version qu’en proposa Maurice Duruflé. Le virtuose du jour était ven
u tester l’arrangement à Saint-André pour “bien travailler sur le legato ». En à peine 4′, l’exigence de l’olibrius apparaît clairement : moins jouer des notes ou esbrouffer que donner à entendre la voix et les polyphonies, ou réciproquement, en faisant résonner cette admirable scie avec la richesse de timbres de l’orgue.
La transition avec le prélude de Tristan und Isolde est abrupte ; elle n’en est pas moins excitante, ne serait-ce que par son côté baroque, inattendu, injustifié. En réalité, elle permet au recréateur de faire sonner l’orchestre wagnérien dans les profondeurs de la Maison de la radio. Vincent Genvrin tâche de donner vie à la pâte sonore en distinguant les plans à l’aide d’une registration à la fois fine, non imitative et non spectaculaire. Clairement, le transcripteur (VG, donc) vise à l’honnêteté plus qu’au soulèvement carpentérien d’enthousiasme. Le public, bleufé, n’en salue que davantage son travail de traducteur et d’interprète.

Vincent Genvrin à la Maison de la radio

S’ensuit la transcription présentée comme la plus spectaculaire de la soirée puisque bénéficiant de “plus de cinquante registrations différentes” en sept minutes. Il s’agit de la “Forlane” du Tombeau de Couperin, qui salue la mémoire de morts glorieux, comme le rappelle avec pertinence le faux candide. En clair, nous avons affaire à une pièce dansante et syncopée où l’orgue paraît inapte a priori. Comment rendre swing, groove et évolutions de sonorités, de tempi, de relations entre les instruments ? En respectant les breaks propres à cette partition, en prodiguant un toucher précis (qui ne séduisit pas les snobs de merde errant parfois à Saint-Thomas-d’Aquin, sur le thème “c’est mieux quand que c’est qu’un orchestre il joue”), en osant des registrations inattendues, Vincent Genvrin désamorce toute critique et déploie une technique organistique magistrale – le seul reproche : nous offrir cette même pièce en bis, ce qui permet certes de l’apprécier avec plus de pertinence, mais exclut le plaisir d’ouïr d’autres compositions sous les doigts d’un zozo aussi brillant, y compris la “Toccata sur les tableaux d’une exposition” de Yannick Daguerre – pas une transcription, oh non, mais une pièce qui, en postlude aurait pu ouvrir la question des limites entre transcripteur et improvisateur, improvisateur et compositeur, sampleur et créateur, etc.
(Ça n’a aucun rapport, mais un bon fan de feu Yannick ne perd pas une occasion de parler de ce mec.)
(D’ailleurs, si, évidemment, ça a un rapport. Tout est calculé.)

Le concert dit “atelier” se termine sur une exploration de l’orgue articulée autour de trois transcriptions des Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgsky. Le vieux château, la sorcière et la grande porte de Kiev s’étalent alors sous les yeux et les esgourdes admiratifs des spectateurs.  Admiratifs pour la dextérité du zozo (jeu de pieds inclus, Ronaldo, rentre chez toi) ; pour la capacité à esssplorer les diverses sonorités d’un orgue Grenzig entretenu par Michel Goussu et Xavier Lebrun, qui séduit plus dans ses fonds et son plenum que dans ses jeux intermédiaires ; et pour le talent de rendre, à l’orgue, le foisonnement des climats dont Moussogrsky et ses orchestrateurs surent faire vivre ces partitions célébrissimes.

Presque Vincent Genvrin

En résumé, une heure d’orgue virtuose et orchestral pour 5 €, sous les doigts d’un p’tit barbu qui n’a l’air de rien, qui préfère avoir la mine basse et qui tente de dissimuler son talent de musicien, d’harmoniste et d’interprète en arborant des prétextes prestigieux. Bach, Wagner, Ravel et Moussorgsky furent cependant si bien servis que nul ne manqua de féliciter le vrai héros de cette soirée, Mr Vincent Genvrin himself.

Le rappel sentiel pour le rganizateur de concerts d’orgue : avant de venir, souvent, la vue et la vie, c’est ça.