Petites symphonies pour un nouveau monde : les artistes (3)

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Christian Chamorel ou presque. Photo : Bertrand Ferrier.

Ce soir, à 20 h 30, ils seront six à se produire pour un concert exclusif diffusé sur la chaîne YT du festival Komm, Bach!. Les quatre premiers zozos ont été présentés ici et . Subséquemment, il nous reste deux olibrius à découvrir. “Olibrius”, le terme n’est point trop saugrenu.
Pourtant, Christian Chamorel, le premier des deux, est Suisse et a un chien, ce qui représente plus de garantie qu’il n’en faut pour lui accorder quelque bondieuserie sans concession – au point qu’il a été question du spécimen ici même, là aussi puis, trala, là itou.. À 17 ans, au conservatoire de Lausanne, l’ex-gamin a raflé une Virtuosité avec félicitations du jury. Insuffisant pour l’hurluberlu. Entre 2004 et 2006, il décroche deux diplômes de soliste à Munich puis à Zurich. Enquillant les victoires dans des concours internationaux, il enchaîne itou les concerts en vedette avec orchestre.

Christian Chamorel en concert à l’institut Goethe. Photo : Rozenn Douerin.

À vrai dire, le Romand est sans tabou. Il aime le lied, la musique de chambre, le solo devant l’orchestre et le solo tout seul comme un grand. Invité de grands festivals worldwide, le musculeux musicien sévit de Gstaad à Pékin, en passant par l’Allemagne, l’Italie, le Japon, l’Angleterre, les États-Unis et même, folie, la France.
Incandescent en concert, il rayonne au disque, de Liszt à Mozart en passant par Franck et le tout nouveau Mendelssohn, à paraître fin avril après qu’il a jeté maintes autres pierres dans le jardin de Felix. En sus, Christian Chamorel dirige le Mont musical, un festival qu’il a fondé au Mont-sur-Lausanne.

Nicolas Horvath. Photo : Bertrand Ferrier.

L’ultime gaillard est improbable. C’est un type qu’on a dialogué avec d’abord à propos de Claude François, alors bon. Comme quoi, faut pas se fier aux apparences. M. Gendre Idéal pourrait n’être qu’un spécialiste du brushing impeccable. Alléluia, Nicolas Horvath est un tout p’tit peu plus que ça. Le monsieur sévit d’abord en pays monégasque où il éblouit le chef Lawrence Foster.
Formé auprès des plus grands, dont Philippe Entremont et Leslie Howard, il refuse de s’enfermer dans la caricature du parfait virtuose soumis tout plein. En dépit d’un disque Liszt ultra-acclamé, l’homme ose le pas de côté.  Redécouvreur de compositeurs méconnus, défendeur de créateurs aussi divers que Terry Riley, Régis Campo et Valentyn Silvvestrov, il multiplie les disques et les concerts mémorables.

Nicolas Horvath, Debussy de la Lorette en Cornouailles et des gens. Photo : Bertrand Ferrier.

Spécialiste de Philip Glass (qu’il joue pendant douze heures, non stop, devant 14 000 personnes à la Philharmonie de Paris – oui, dans la grande salle, et qu’il re-joue devant le maître lors d’une intégrale mémorable), il claque aussi des récitals hors norme autour d’Erik Satie – mais pas que – tout en fricotant avec Czerny et Debussy.

 

 

Nicolas Horvath est aussi un compositeur époustouflant, oscillant entre Scriabine et l’électro hyper dark, selon les circonstances. L’homme refuse de se cantonner dans des cases mignonnettes à souhait. On suppose que, du coup, sa vie est hypermoins simple que s’il était un pur produit immédiatement intelligible, genre gentil virtuose mignonnet tout plein.
Faut l’admettre, bien qu’il soit un grand virtuose, il est tout sauf ça. Associée à sa créativité et à sa folie intrinsèque, c’est cette dichotomie aussi qui le rend croustillant et qui nous rend très heureux qu’il participe au concert de ce 28 mars.