Alors que l’Europe, poussée par les lobbies de l’armement, envisage de déverser des centaines de milliards de sesterces pour financer les industries de mort et détruire la vie des clampins que nous sommes pour complaire les salopards qui nous gouvernent, ma causerie sur (environ) vingt-quatre faits extraordinaires autour de la mort revient sur scène après une apparition au Théâtre-atelier du Verbe.
C’est vrai, on n’aime pas y penser, mais c’est un fait : quelque 600 000 Français meurent chaque année. Un beau jour ou peut-être une nuit, 100 % des êtres vivants feront de même. Le sketch de la mort dure depuis des milliards d’années environ. Pourtant, personne ne sait ce que c’est, la mort, bien que beaucoup – religieux, scientifiques, illuminés, artistes, philosophes, etc. – prétendent le contraire. Après avoir longuement plongé dans ces eaux noires à l’occasion d’une enquête au long cours, je suis remonté à la surface avec quelques éléments de réponse donc pas mal de questions que je trouve plutôt malin de partager.
Entre conférence très sérieuse et forme non identifiée, cette performance teintée d’un humour nécessaire et protéiforme s’adresse à tous. Doit-on le préciser ? apparemment, oui, elle ne vise ni à prosélyter – et hop – ni à lénifier mais à nourrir une réflexion sur ce qui nous attend tôt ou tard.
Sa durée d’1 h 15 devrait rendre la chose supportable, d’autant que quelques interventions fredonnées (featuring l’ami Jann Halexander, qui vient de publier Ornithorynque, son nouveau disque), laisseront, à intervalles joyeusement irréguliers, la parole s’enduire de musique et d’autres vibrations.
Le spectacle s’inspire d’un ambitieux projet éditorialcancellé au dernier moment mais updaté fréquemment et disponible en pdf ici. Les places pour la causerie peuvent être réservées là. Sur place, s’il en reste à vendre, elles coûteront 15 € à tarif normal ou 10 € en tarif réduit (sans justificatif, on n’a pas à se justifier si on est chiche en fifrelins). Rendez-vous mortel mais pas macabre le samedi 15 mars à 16 h à la galerie Grand merci, 14 bis, rue Coëtlogon, Paris 6 !
Plusieurs centaines de traductions ont suivi, mais celle-ci, c’était la première – et c’était donc une joie, un quart de siècle plus tard environ, d’en discuter en live YouTube avec Adrien, fan et fin connaisseur de « Chair de poule ».
Des extraterrestres,
des citrouilles,
de l’obscurité,
des enfants perdus :
autant d’ingrédients pour éprouver le plaisir du p’tit frisson et dévoiler des bribes du making of. Certes, la vidéo s’adresse à ceux qui disposent d’un cellulaire plutôt que d’un ordinateur ; mais il paraît que c’est désormais chose bien établie dans ce monde, alors bonne écoute aux curieux !
PS : sans rapport, un petit message personnel pour « Armand » dit Dino le corbeau qui, tout en renseignant semble-t-il un faux courriel (ma réponse n’est pas parvenue à destination), a eu la douceur de m’envoyer un message. Objectif : me demander d’effacer toute mention de Fabrice Dupray sur ce site car cela « ferait tache », le zozo ayant jadis été condamné par Dame Justice.
Fabrice est un excellent trompettiste et non moins savoureux chanteur avec lequel j’ai travaillé joyeusement de longues années. Or, je ne pratique pas la cancel culture et suis plutôt indifférent non pas à d’éventuelles souffrances d’autrui mais, fussent-ils habillés d’un aimable compliment, aux
piapiapias,
délations, et
« conseils » aka pressions
qui me peuvent parvenir. Par conséquent, je n’effacerai pas mon ami Fabrice de ces pages web, ni ne cèlerai
le plaisir que j’ai eu de musiquer avec le gaillard,
l’amitié qui s’en est suivie et
le respect réciproque, je crois, que nous avons construit.
Peut-être une requête en réécriture trouvera-t-elle un écho plus favorable dans des institutions ayant davantage pignon sur rue, comme Sciences Po ou l’IMA ?
C’est une œuvre pour la jeunesse bien sous tous rapports :
le personnage principal est une fille au tempérament de garçonne ;
elle a deux mamans ;
ses aventures sont un hymne à l’acceptation de la différence.
Un tournoi d’enfer est le deuxième tome d’une série qui s’inscrit dans l’effort de poly-exploitation de la marque « Donjons & dragons ».
Écrit par Madeleine Roux,
illustré par Tim Probert et
traduit par votre serviteur,
il s’amuse à mêler les codes du jeu original et ceux de « Harry Potter ».
Incipit du roman
Au programme,
internat de jeunes élèves,
compétition (l’un des grands « trucs » des livres pour la jeunesse, avec l’inusable – hélas – préparation d’un spectacle),
multitude de monstres en tout genre,
aventures et twists
agitent gentiment le bocal des lecteurs en maniant à la fois l’académisme woke et la fantasy scolaire bon teint. Le plaisir de conter dont Madeleine Roux fait montre contribue à la réussite de cet amusant divertissement « pour les 8-12 ans » que l’on peut découvrir ici et acheter là.
Illustration : Sidharth Chaturvedi. Illustration disponible sur amazon.com.
Eragon, c’est le livre qui a écrit beaucoup de ma vie. Parce que j’en ai traduit le premier tome, parce qu’il m’a ouvert mille portes et, finalement, fermé davantage. Dois-je le stipuler ? Sa nouvelle édition, illustrée par Sidharth Chaturvedi, me réjouit – et c’est pas si pire, je pense, de partager ici quelques réjouissances simples !
Enfin un post avec un titre qui claque, non ? En voici la traduction. Pendant dix ans, au Mans, à Rennes, à Bordeaux et à Toulouse, j’ai enseigné à l’université, notamment en
littérature,
édition et
traduction pour la jeunesse.
J’ai soutenu une thèse de littérature très comparée sur le sujet. J’ai publié
dans ces domaines, les livres étant toujours disponibles aux Presses Universitaires de Rennes. Même si je suis un peu sorti du game pédagogique, je suis forrrrrrrt ravi et fier de revenir à la fac comme invité de la table ronde de la Quatrième biennale de littérature pour la jeunesse de l’université de Cergy-Pontoise, où j’échangerai avec
la plasticienne Isabelle Duval,
l’éditrice Charlotte Moundlic et
les étudiantes interviouveuses (pas la peine de s’offusquer, il semble qu’il n’y ait que des étudiantes, grâces à elles d’être dans la place !)
autour de la transmédiaticité dans la culture pour le jeunesse, et hop (en gros, pourquoi un livre pour la jeunesse n’est pas forcément qu’un livre en tant que tel, mais peut être issu d’un autre produit culturel comme
un film,
un joujou,
un jeu vidéo,
une série télé,
une marque quelconque, etc.),
une question que j’ai longtemps arpentée, par exemple au sujet du sacro-saint Petit Prince.
le projet de cette biennale a l’air habilement ficelé,
l’approche envisagée par les intervenants retenus est multiple, et
la table ronde promet de tourner.
M’est avis que l’on va bien réfléchir, rire et, j’espère, s’écharper – avec l’aide d’un large public serait un plus positif, évidemment. Avant de revenir incessamment à plus de notules sur la musique savante, à commencer par anthèmes de Pierre Boulez (ça, ça rigole pas, ce me semble), rendez-vous ce 27 juin 2024 à 17 h à l’ex-IUFM devenu INSPÉ, c’est hyperplus classe, sis à Genevilliers, ce jeudi à 17 h.
Problématiques du colloque ici. Programme des festivités là. Rendez-vous à l’INSPÉ de l’Académie de Versailles | ZAC des Barbanniers | Avenue Marcel Paul | 92 Genevilliers
Sophie Grimbert n’est pas rancunière, au contraire. Quand elle fait le bilan, calmement, elle est même capable d’être reconnaissante envers ceux qui ont détruit des pans entiers de sa vie et de ce qu’elle aurait pu être. Tout n’a pas été horrible – cela a contribué à empirer le drame, en donnant à la pas-que-malheureuse des raisons de rester. N’empêche, la dame a de la suite dans les idées. Elle n’oublie pas, merci pour elle. Elle réfléchit. Se reconstruit. S’autonomise. Trie, teste, choisit ses mots. Raconte moins sa vie en tant que suite d’événements que ce qu’elle a vécu en tant qu’enchaînement de ressentis. Vise juste pour n’avoir point besoin d’expliquer. Pas de sous-titres redondants, de coups de Stabylo pour lecteur un peu concon, de modes d’emploi lourdingues. Des faits, des émotions, et l’évidence qui en sourd, cette sorte de lumière qui, à elle seule ou presque,
démonte les mécanismes,
rend limpide l’opaque et
désosse les carcasses les plus solides qui
emprisonnent,
ensuquent et
étouffent.
Donc Sophie Grimbert a attendu de se sentir
assez forte pour mettre les points sur les I,
assez pondérée pour rugir doucement et
assez sereine pour raconter son histoire stupéfiante – à laquelle j’ai prêté une main ou deux.
42 ans durant, elle a vécu sous la coupe de la Société Watchtower, structure chapeautant les Témoins de Jéhovah. À mots comptés, avec quelques ellipses pudiques et prudentes, elle raconte, pêle-mêle, l’emprise mentale, le contrôle social, les limitations qui sclérosent les individus, bref, le travail
insidieux,
spectaculaire,
sournois et
ravageur
d’un tourbillon illustrant à la fois le danger des fanatismes et la difficulté de lutter contre les effets pernicieux des organisations religieuses dont la dimension autarcique s’apparente à des mécanismes sectaires. Mais l’auteur chante aussi ces rêves que la foi puis la prison morale n’ont pu briser. Elle chante Céline Dion, elle chante l’amour, elle chante les désirs (intellectuels, sexuels, sociaux), elle chante le houla-houp de l’espérance et la possibilité d’aller plus loin que l’horizon – après tout, la Terre est ronde, on ne risque pas de tomber de l’autre côté.
Le résultat est une ruade bienvenue dans une société qui s’écrase devant les intolérances religieuses en prétextant le respect même si, en l’espèce, ce « respect » n’est rien d’autre que le pseudonyme de la lâcheté la plus nauséabonde ou celui, guère préférable, de la complicité docile avec les loups menant les moutons en ponctionnant
leur laine,
leur chair et
leur âme.
On peut acquérir le résultat, puissant, chez tout libraire possédant échoppe ou, par ex., ici.
Dernière relecture avant mise en ligne. Projet d’illustration de Laura Acquaviva (https://www.lauraacquaviva.com/) conçu pour les éditions Max Milo (l’image ne figurera donc pas sur le pdf téléchargeable). Photo : Bertrand Ferrier.
670 000 personnes meurent chaque année en France. 100 fois plus, vivantes aujourd’hui, finiront par mourir aussi. Mais de quoi mourir est-il le verbe ? Vaut-il mieux y penser (pour anticiper) ou ne pas y penser (pour ne pas s’attirer le mauvais œil) ? À l’heure où se peaufine plus que ne se profile la légalisation de l’euthanasie dans l’Hexagone, ce texte ambitieux examine comment la mort est définie, représentée, imaginée, accommodée, crainte, désamorcée – bref, comment la mort est vécue. Les 333 pages de La Mort, modes d’emploi seront téléchargeables en pdf ici ce jeudi (plus de détails là).
Jeudi 24 août, je publierai directement sur la boutique du présent sitemon nouveau livre. Ce sera un essai sur la mort (si, si) intitulé La Mort, modes d’emploi.
Le résumé
Chaque année, en France, 670 000 personnes décèdent, et 67 millions essayent de ne pas penser que, tôt ou tard, elles vont les imiter. Pourtant, insidieusement ou au grand jour, le dernier tabou de notre société revient à la mode. Les débats sur la légalisation imminente de l’euthanasie en France réactivent notre vieux rêve de domestiquer l’inéluctable, de maîtriser l’imprévisible et d’apprivoiser l’effrayant – bref, de vaincre la mort. La Mort, modes d’emploi propose de faire un pas de côté pour examiner comment se vit la mort aujourd’hui et ce que ces modes d’emploi révèlent de nous. Cette enquête fouillée et tonique s’appuie sur
des dizaines d’études anthropologiques, sociologiques, historiques et médicales,
des centaines d’articles d’actualités,
de très nombreux témoignages de médecins, et
de grands entretiens avec un religieux, une représentante d’une association pro-euthanasie et un théologien.
Se déploie ainsi une analyse de la lumière noire – mais pas uniquement ! – que projette notre finitude sur nos existences. L’essai suggère des pistes,
tant concrètes que philosophiques,
tant intellectuelles que politiques,
tant pragmatiques qu’artistiques
pour nous réapproprier, en conscience, notre mort donc notre vie. Dans cette perspective, à la fois ancrée dans l’actualité la plus brûlante et dans la pérennité d’une interrogation sans réponse, La Mort, modes d’emploi est un livre qui peut aider à mieux comprendre LE tabou par excellence et, éventuellement, à en avoir moins peur.
Le making of
Au moment où le gouvernement s’apprête à faire voter un projet de loi autorisant « l’aide active à mourir », se posent avec acuité les questions à mille francs, du type : « Qu’est-ce que mourir ? » « La mort est-elle la fin de tout ? » « En quoi la conscience de ma mort impacte-t-elle ma vie ? » « Comment vivre avec l’idée que je vais mourir, sans savoir ni quand ni comment ? » Beaucoup de livres apportent des réponses. Celui-ci veut nourrir des questions. Voici pourquoi.
*
Il y a quelque cinq années de cela, j’avais écrit un livre sur les grandeurs et les vices plus ou moins cachés des médecines allopathiques et des autres formes de soins pratiqués en France. J’avais réuni un joli casting pour m’entourer (une « vraie médecin » spécialiste de l’homéopathie participait activement au projet), réalisé un gros travail d’enquête et d’entretiens, et équilibré des analyses associant une vue d’ensemble et des cas pratiques. Le texte avait suscité le vif intérêt de la directrice littéraire d’un des plus importants éditeurs parisiens. Au soir du comité chargé de valider sa prochaine publication (une formalité), la dame m’appelle, gênée, et m’apprend qu’un éminent membre du comité avait mis in extremis son veto à la publication. Éberlué, j’ai laissé filer le temps, et ce gros travail a fini par se perdre dans les limbes des disques durs et des actualisations nécessaires. Puisque, d’une part, ce qui me semblait solide et validé ne valait finalement rien, et puisque, d’autre part, je n’éprouve aucun intérêt à écrire pour mon écran d’ordinateur exclusivement, j’ai décidé de ne plus écrire de livre qui ne soit dûment signé et payé à l’avance. De ne plus écrire, donc. Cependant, en 2022, un éditeur pour qui je travaille régulièrement m’a proposé d’écrire un livre sur la mort. Je lui ai raconté ma petite anecdote ; nous avons donc signé un contrat, et une partie de l’à-valoir m’a été versée au fil des mois pour concrétiser l’enthousiasme nourri par les éléments envoyés en cours de conception
(problématique,
architecture,
bibliographie,
contenu).
La désirabilité du projet était telle que l’éditeur a accepté de renouer avec une graphiste en froid avec lui parce que je souhaitais que cette artiste réalisât la couverture – elle l’a, en effet, réalisée et de fort belle manière. Puis, lors de la remise définitive du texte, peut-être sous la pression de diffuseurs guère enthousiasmés par le sujet, euphémisme, alors que le livre devait paraître un mois plus tard, le ton a changé du tout au tout. Le texte super est devenu nul. Autrement dit, après qu’il a été validé à chaque étape de sa conception et de sa réalisation, il était accepté sous des conditions précisément inacceptables
(couper les deux tiers parce que ça va être trop cher,
changer complètement de perspective,
modifier le plan du tout au tout, etc.).
J’ai donc récupéré les droits de mon travail, et j’ai proposé le projet à une vingtaine d’éditeurs de tout type (gros machins, petites boîtes, publieurs engagés…). Trois ont eu la politesse de décliner. Aujourd’hui, à l’instar du représentant de commerce se demandant que faire de son trop grand sourire après que Mafalda lui a claqué la porte au nez, je me retrouve avec un texte sous le bras voire sur les bras. Je ne le vis ni comme une humiliation, ni comme une ode à mon indépendance, ni comme un scandale attentant à mon génie. J’ai trop connu d’auteurs geignant que leur talent n’était pas reconnu – j’ai souvent été du côté des incompreneurs… – ou que les éditeurs sont des salauds – j’ai souvent été du côté des pis-que-pendre – pour verser dans la moindre geignerie grotesque. Avec mes projets, je me sens comme Georges Brassens (avec un soupçon de différence de succès toutefois) : si l’éditeur en veut, je les sors dare-dare ; s’il n’en veut pas, je les remets dans ma guitare… du moins en théorie. En réalité, le post de ce jour est un intermédiaire entre le tréfonds de ma guitare et les feux de la scène.
*
Ce 24 août 2023,
sans fard, sans cri, sans rage,
sans cracher dans l’potage,
par ma foi, tant mieux. C’était le but de l’écriture de La Mort, modes d’emploi. Malgré les rebuffades, explicites ou silencieuses, ça le demeure. Rendez-vous jeudi prochain ! En attendant, un échantillon est disponible gratuitement en cliquant sur La Mort, modes d’emploi – Blad. Bonne curiosité aux, eh bien, précisément, curieux !