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Photo : Bertrand Ferrier

 

16,5 € : c’est le prix affiché aux Galeries Lafayette par ce cahors fabriqué par la maison de négoce de Catherine Maisonneuve et Mathieu Cosse, installés sur zone depuis 1999 avec une inclination affirmée pour la biodynamie.
La robe du jus le chante, “Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir”. Les derniers échos rougeoyants s’éteignent vite, avalés par la solidité liquide – hop, hop, hop – et la compacité rigoureuse du breuvage.
Le nez est

  • tonique et léger,
  • floral en approche et terrien en dominante,
  • présent et néanmoins complexe à définir.

Pour dissiper l’indécision, on cherche sans y parvenir à définir le fruit rouge ou l’épice qui volette en nos naseaux. Normalement, ça marche avec tous les vins, les notes de cassis, la fraîcheur de la framboise, la pointe de poivre blanc ou le froufoutement du cumin. Ici, non. L’originalité de la chose n’est pas sans nous exciter les papilles.
La bouche préfère l’élégance à la rondeur. Le fruit de la vigne file droit, évitant les ronds de jambe. Friserait-il une forme de verdeur tant son allure décidée empêche de le cajoler comme on aimerait, il n’en déploierait pas moins des possibles intéressants, çà boisés, là cannellisés. La franchise de ses 14° font de lui un zozo digne d’affronter un délicieux boudin aux oignons à la fois grillé et fondant.
Comme souvent en la matière, sauf dans les cas désespérés, le bilan est affaire d’inclination. Les amateurs de vins replets, confortables et bourgeois (nous en sommes à l’occasion) feront la moue en apprenant le prix de la quille. Les gourmands de vins francs qui évitent de minauder (nous en sommes aussi) tiendront à juste titre la dragée haute aux premiers venus – à condition, bien sûr, eût stipulé le professeur Rollin, qu’ils aient une dragée et qu’ils la tiennent à une certaine distance du sol. Les deux camps se réconcilieront peut-être en saluant un vin dont la personnalité, à défaut d’épater forcément, est patente. Même en clivant, ce vin rassemble en rappelant l’importance du savoir-faire des vignerons, qu’ils soient récoltants ou négociants. Fi des chapelles et, en ces temps houleux charriant leurs paquets de haine et de communautarisme sclérosant, vive la convivialité alla Petit Sid !