Jann Halexander et Veronika Bulycheva, « Urgence de vous » 2, Théâtre du Gouvernail, 8 novembre 2019

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Jann Halexander et Veronika Bulycheva au Théâtre du Gouvernail. Photo : Rozenn Douerin.

Spectacle déjà donné avec succès au Nez rouge et recensé ici, “Urgence de vous, du Gabon à la Russie” poursuit son chemin à succès en blindant à trois reprises le théâtre du Gouvernail. Cette salle tout en largeur convient idéalement à ce genre de proposition, d’autant qu’un piano droit presque à peu près juste y remplace avantageusement le piano en plastique de la première édition.
En résumé, pendant 75′, un Français qui a plutôt une tête de Gabonais rencontre une Russe immigrée de son lointain village “parce que l’amour est parti”. Il sera donc – presque logiquement – question, entre autres, de plan sodomie à minuit, des migrants qui squattent les assiettes marseillaises, d’enfant de bohème, de mort de mulâtre, de l’art de ne pas être bourré (au sens vodkaïque du terme), d’euthanasie et, surtout, de cornichons (en un mot).

Jann Halexander. Photo : Rozenn Douerin.

Mêlant leur répertoire et leurs spécificités, interrogeant leurs origines et leurs destinées, rêvant leur territoire aussi bien géographique qu’artistique, Jann et Veronika traversent l’heure un quart de spectacle sans temps mort, entre chansons partagées ou en solo, sketchs et, on l’aura compris, dégustation de cornichons russes. De jolies lumières signées par Martin, le régisseur local du soir, accompagnent avec finesse les changements d’atmosphère. Ainsi, par-delà ses sensibilités esthétiques, chaque curieux pourra apprécier :

  • l’originalité du projet,
  • la personnalité des musiciens et
  • les spécialités de l’une (joli jeu de guitare, voix volontiers portée et emportée) comme de l’autre (plaisir du verbe que malaxent les textes, sensibilité scénique tentant de masquer avec art une timidité gonflée d’insolence).

Un zeste d’auto-ironie, une pincée de distanciation, une rasade d’engagements (pro-euthanasie pour l’une, pro-changement politique au Gabon pour l’autre), une louche d’audaces et de libertés animent ce tour-de-chant-mais-pas-que. Amateurs de spectacles musicaux carrément pas ordinaires, vous avez jusqu’à dimanche pour profiter d’un des rares fruits – artistique, forcément et férocement artistique – à mettre au crédit de la mondialisation. Réservations ici.

Veronika Bulycheva. Photo : Rozenn Douerin.