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Christian Camerlynck, Théâtre de l’île Saint-Louis, 5 septembre 2015

Christian Camerlynck en scène le 5 septembre. (Photo : Josée Novicz)

Christian Camerlynck en scène le 5 septembre. (Photo : Josée Novicz)

Christian Camerlynck, interprète de chanson « à texte », est en concert jusqu’au 20 septembre au Théâtre de l’Île-saint-Louis (Paris 4). Nous allâmes l’applaudir à sa première. So what?
En présence d’Anne Sylvestre, ce n’est pas rien, et même d’Éric Nadot, côté “personnalités du monde de la chanson”, Christian Camerlynck attaque son tour de chant au côté de Nathalie Fortin, sa pianiste, en feuilletant silencieusement un album (photo mais pas que). Sur scène, un piano recouvert de tissus et d’un bocal feat. Sushi le poisson orange. Deux sièges, une table et trois sculptures, dont une amovible, scandant le visage de l’interprète, complètent le décor.

Décor de "Parlez-moi de vous" (détail 1). Photo : Josée Novicz.

Décor de “Parlez-moi de vous” (détail). Photo : Josée Novicz.

Le récital, d’une durée totale d’une heure trente, s’articule autour de longues séquences (entre 20’ et 30’) tuilant chansons et textes dits, dont auteurs et compositeurs éventuels seront dévoilés a posteriori aux spectateurs. Au programme, notamment : moult Jacques Debronckart, quelques pincées de Ferré voire de Caussimon (« Le temps du tango », « Le funambule »), la dose convenable de Québécois (« En attendant l’enfant » et « La vie » de Leclerc, ainsi que « C’est le temps », si typique de Vigneault), trois cuillerées d’Anne Sylvestre, du Romain Didier – pas le plus connu – et une goutte d’espagnol, façon Juliette. L’assemblage, sur une même set-list, de ces chansons dessine un paysage intérieur propre à Christian Camerlynck. Ceux qui espèrent du facétieux et du brillant en seront pour leurs frais : sans que l’on s’ennuie une seule seconde, grâce à la personnalité de l’interprète, ici il s’agit plutôt de poésie et de portraits saisissants (“Je suis comédien”, si joliment proche et différente du “Mort de théâtre” de Jehan Jonas) que de chansons-à-chutes. Grâce au chanteur, on redécouvre le plaisir de la description et de l’évocation, sans que cela exclue ni un p’tit focus sur la cause homosexuelle (adaptation à la première personne de « À quoi ça tient » de Romain Didier) ni un accent mis sur le féminisme mondialiste d’Anne Sylvestre, la chanteuse pas si dégagée que ça (« Une sorcière », « Les dames de mon quartier »).

Nathalie Fortin sur scène, le 5 septembre 2015. Photo : Josée Novicz.

Nathalie Fortin sur scène, le 5 septembre 2015. Feat. M. Sushi. Photo : Josée Novicz.

La représentation est digne d’une première : elle est brute, avec ses immédiatetés, ses fulgurances, ses inquiétudes suscitant bégaiements et « trous » inhabituels (celui qui n’a jamais chanté n’a jamais eu de “blancs”, c’est certain !), ainsi que ses transitions pas encore fluides. Rien de rédhibitoire, puisque c’est du spectacle vivant et que l’ensemble se tient avec dignité. Pour tout dire, on apprécie l’authenticité de l’interprétation, la maîtrise de la voix – serrée au début, s’élargissant petit à petit, s’épanouissant sur la fin –, la sûreté du piano – hélas terriblement faux et malsonnant. Regrette-t-on la surcharge d’une mise en scène inégale, parfois too much (début “dramatisé” pendouillant un brin car non exploité par la suite), peu claire (sortie du chanteur par la salle à 1 h 25’) et guère utile dans un petit théâtre ? Se dit-on que les chansons encore en chantier, qui nécessitent un prompteur acoustique dans le ventre voire le bidon mou du milieu, n’étaient peut-être pas utiles ? Pense-t-on que, même si c’est sans doute un problème de temps et de budget, de vrais arrangements auraient mieux servi les plus belles chansons, au lieu d’un accompagnement valeureux mais parfois sans grande imagination et peu contrasté (l’usage sporadique de percussions, mignon, ne suffit pas à illuminer le projet musicalement) ? On mentirait en disant le contraire.

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Christian Camerlynck version géant du Nord. (Photo : Josée Novicz)

Reste que, en l’état, Christian Camerlynck propulse 90’ de chansons intelligentes, choisies selon ses goûts, évidemment vécues, qui valent que l’on fasse abstraction de l’excès d’apparat qui les entourait à la première. La fragilité, liée probablement à l’ambition du projet, qui transparaît à certains moments (le squizz sur « La religion », chanson guère difficile et si souvent chantée par l’artiste, en est un exemple) souligne la solidité du reste : le répertoire, l’audace de mettre en scène de la chanson ambitieuse dans un théâtre parisien, et l’envie de partager des émotions de musique populaire mais pas conne. En d’autres termes, si le critique autoproclamé ne peut pas ne pas pointer ce qui, bientôt, sera amélioré ; si le chanteur pas professionnel compatit aux petites échardes du soir (étrange comme on se souvient toujours mieux de la p’tite couille que du potage…), incitant l’artiste à présenter in fine, avec humour, cette représentation comme un “premier filage” ; le spectateur, lui, se réjouit avec force d’une soirée singulière, en rien compassée ou surannée, donnée dans une étonnante petite salle du bord de Seine par un artiste septuagénaire qui adresse ainsi joli doigt d’honneur à la raréfaction, euphémisme, des interprètes. Dans la catégorie des gens qui sont soi avec les mots de tant d’autres, aux côtés du virtuose VF Trio – passé, comme la star du jour, par les fourches caudines de KissKissBankBank, Christian Camerlynck perpétue une convaincante tradition d’intelligence poétique et musicale, plus qu’éloignée : à l’opposé du business de la reprise opportuniste. Si, vous savez, cette astuce pratiquée par les charognards qui se jettent sur le répertoire des morts célèbres (pour une Marie-Paule Belle réinvestissant Barbara, combien d’arrivistes alignant les tubes de la dame en noir, poses en sus ? et combien de hyènes, parfois très talentueuses, ont-ils pas improvisé des spectacles estampillés “Allain Leprest” pour transformer sa mort en filon ?) ou des pas-encore-morts-mais-bon-on-sait-jamais (Anne Sylvestre en fait l’expérience, et ça va pas s’arranger).
Voilà, c’est dit.
En résumé, une soirée originale avec de belles chansons dedans, ça fait une belle sortie. Avis aux amateurs !

Bords de Seine, 5 septembre 2015. (Photo : Josée Novicz)

Bords de Seine, 5 septembre 2015. (Photo : Josée Novicz)

Du 5 au 20 septembre. Christian Camerlynck, accompagné par Nathalie Fortin. Théâtre de l’île Saint-Louis / Paris 4 / Rés. : 01 46 33 48 65 / Prix : 15 €.

Niouzlettre de septembre : nouveau livre, nouvelles festivités

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Chers gens,
Parlons peu, parlons peu : vient de débarouler en librairie mon nouveau livre, L’Homme qui jouait de l’orgue (Max Milo). En bref, c’est l’histoire d’un mec qui joue de l’orgue, ce qui peut paraître bien dépassé au vingt-et-unième siècle, et reste pourtant essentiel puisqu’il intervient à tous les moments-clés de bien du monde (mariage, baptême, messe, enterrement). Le livre est donc une plongée dans les coulisses mystérieuses des églises, une enquête sur ce qui se passe dans les hauteurs inaccessibles des grandes et majestueuses orgues, et un p’tit reportage sur les relations qui se tissent entre clients, patrons, collègues et organisssssses. Pour que ce soit un peu rigolo, le tout alterne chapitres où on raconte ce qui se passe à l’occasion de tel ou type d’événement, et chapitres proposant un florilège des meilleurs ou des pires moments de la “vraie vie” d’un organiste, façon journal de bord. Ah, notez bien que l’on a le droit de rigoler à la lecture.

COUV L'HOMME QUI JOUAIT DE L'ORGUE
Pour retrouver mon interview sur RTL à ce sujet, cliquez ici.
Pour acheter le parallélépipède feuillu, trois solutions : le commander dans votre librairie, l’acheter sans bouger de chez vous en cliquant , ou l’acquérir lors d’une des deux dédicaces qui se profilent. D’autant que, on le sait tous, les dédicaces, c’est pas très intéressant. Alors, j’ai trouvé une double astuce pour que l’on s’y amuse en dépit de malgré tout quand même.

Le mardi 15 septembre, vous pouvez venir à l’heure qui vous arrange entre 19 et 22 h pour une dédicace œnologique gratuite. Ça se passe près de la place de Clichy, chez un p’tit caviste qui vient de refaire sa boutique, et qui nous invite à déguster quelques flacons toujours de bon aloi. En sus, si vous le souhaitez (mais c’est pas obligé), vous pourrez acheter des exemplaires de L’Homme qui jouait de l’orgue, pour vous ou pour vos amis (ou vos ennemis, si vous trouvez ça nul), fournis par la p’tite librairie du coin qui vient d’ouvrir.
Le vendredi 18 septembre, vous pouvez venir à 20 h pour une dédicace musicale haute en couleurs au Magique, un troquet qui a l’air toujours fermé et pourtant on peut y entrer – les livres seront fournis par une étonnante librairie locale, une qui donne envie d’acheter des livres, ce qui est pas toujours le cas chez les concurrents. En prime, c’est une dédicace musicale puisque, à 21 h, je donnerai un concert au sous-sol, avec salle insonorisée et vrai piano à queue. Au programme : au moins douze nouvelles chansons et une surprise. Attention, j’ai quand même menti : le concert est pas donné, il vous en coûtera 10 €, mais seulement 5 € si vous cliquez ici pour réserver. Au cas où ce serait pas clair, c’est une date où ce serait bien que les yensses dispo puissent se précipiter dans une joyeuse bousculade.
Résumé et jolie affiche .

09 - 15 DédicaceMesdames, mesd’moiselles et messieurs, je vous remercie pour votre attentive attention, et j’espère que, bientôt, nous serons réunis pour partager facéties et pétillements.

Mon p’tit côté luxe en bourgeois

COUV L'HOMME QUI JOUAIT DE L'ORGUE“Laissez-vous tenter” avait soutenu Gling ! Un amour de supermarché (Le Livre de Poche Jeunesse). “Les grosses têtes” avaient soutenu Mémoires d’une femme de ménage (Grasset puis Le Seuil, “Points”). Cette fois, je reviendrai non pas à Montréal, faudrait déjà qu’j’y allasse, mais à RTL pour “L’homme qui jouait de l’orgue” dans l’émission “La curiosité est un vilain défaut ». Rendez-vous sur le transistor ce mercredi 2 septembre à 21 h !

Café mouillé

Café polonais– Tu veux un café, ce matin ?
– Je veux toujours un café, mais on a le temps, avant le convoi ?
– On a toujours le temps. D’autant que j’ai rapporté une petite liqueur de Pologne pour mettre dans le café, tu m’en diras des nouvelles.
Pom, pom, pom, etc.

Le mois de Notre Dame

"L'Homme qui jouait de l'orgue" en studio à Radio Notre-Dame

“L’Homme qui jouait de l’orgue” en studio à Radio Notre-Dame

Après Le Parisien, deuxième interview pour L’Homme qui jouait de l’orgue, grâce aux bons soins de Juliette Loiseau. C’était sympa, même si causer peu et bien est pas tout à fait ma spécialité… Diffusion à venir, sûrement au cours de la semaine du 7 septembre.

RND

Chic, au boulot !

Rainy day around Saint-Sulpice

Rainy day around Saint-Sulpice

L’avantage d’être organiste, c’est que, souvent, on bosse dans des bureaux plutôt sympa…

OdC Saint-Sulpice (vue d'ensemble)

Orgue de chœur de Saint-Sulpice

… même si on travaille en open space, y a du beau matériel…

Les deux orgues de Saint-Sulpce en perspective

Les deux orgues de Saint-Sulpice en perspective

… et en arrière-plan, c’est encore plus beau. Aime bien ce job, moi, parfois…